Le Loup de Wall Street par magyalmar
3 heures absolument magistrales. Scorsese décortique avec minutie tous les excès du système de la finance, des excès qui dans un autre contexte pourraient prêter à sourire, mais qui ici provoquent au contraire effroi, consternation ou incrédulité. Et il n'y va pas avec le dos de la cuillère en argent : travellings déments au milieu de la jungle des courtiers, ralentis sidérants, débauche de moyens, montage sous acide... Le paquet est mis à un tel point que lorsque, lors du dénouement, Scorsese nous ramène l'espace de 10 secondes dans le métro new-yorkais, on s'y sent comme parmi les extraterrestres.
Qu'on ne s'y trompe pas, si le réalisateur épouse le point de vue de Jordan Belfort, la charge contre ce système absurde est totale, la dernière scène ne laissant aucun doute à ce sujet. Scorsese joue sur la fascination pour ce personnage, jamais pour l'empathie, même s'il vient rappeler au spectateur qu'au fond, le rêve de Belfort n'est pas si différent de celui de n'importe quel Américain ou occidental.
DiCaprio se montre lui aussi au sommet de son art. A chaque film, on se dit "s'il n'a pas l'Oscar pour ce rôle alors il ne l'aura jamais". Et puis il se surpasse encore au film suivant. Il se livre ici corps et âme et atteint l'excellence avec une facilité insolente. McConaughey confirme un retour en grâce impressionnant, et Jonah Hill son énorme potentiel. Petite déception en revanche sur le personnage féminin, pas assez fouillé et qui fait énormément penser à celui de Vickie LaMotta dans Raging Bull.