Des films m’ayant agréablement surpris cette année, il y en a eu, pour sûr ; mais une révélation de ce calibre-là, impressionnant !
D’autant qu’étrangement je n’attendais pas grand-chose de ce Loup de Wall Street, son pitch ne m’attirant que très peu ; pourtant, le nom de Scorsese aurait dû me mettre la puce à l’oreille, et les retrouvailles de ce dernier avec son acteur fétiche j’ai nommé DiCaprio n’augurait une fois encore que du (très) bon.
Car les faits sont là : cette adaptation du roman éponyme de Jordan Belfort est une tuerie, trois heures toutes bonnement jouissives que l’on ne voit aucunement passer, une claque gonflée à l’excès sous toutes ses formes.
Il est alors curieux d’observer le rebutant monde de la finance sous un angle presque irrévérencieux, où la drogue, le sexe et l’ivresse de l’argent côtoie de façon naturelle la montée au pouvoir d’une sacrée bande de fous furieux ; l’humour est ainsi omniprésent, les situations et autres dialogues improbables s’enchaînent avec une fluidité grisante qui souligne une maîtrisé du rythme assez folle de la part du cinéaste.
Dès lors, Le Loup de Wall Street arbore une quantité saisissante de scènes pouvant être qualifiée de cultes, ni plus ni moins ; l’un des exemples les plus parlants en la matière étant alors la démonstration dantesque du mythique Mark Hanna (que l’on ne voit malheureusement pas assez), celui-ci se fendant d’un discours aussi haut-perché que désopilant en nous dépeignant les ficelles du métier de courtier au bleu Jordan Belfort.
Ajoutons à tout ceci une mise en scène parfaite de Scorcese, une BO aussi énergique que parfaitement adaptée au contenu du long-métrage, et l’on obtient un ensemble excellentissime, captivant de bout en bout.
Par ailleurs, que dire des divers protagonistes gravitant autour du fameux Belfort ? Tous apportent avec brio leur pierre à l’édifice, et il est très intéressant d’observer l’évolution de Jordan et de ses compères pour le moins extravagants ; globalement, même les personnages secondaires font mouche, et il convient de souligner la présence d’un casting irréprochable.
En ce sens, on trouve là en tête de file (et en toute logique) le brillant DiCaprio, qui au gré d’une prestation aussi démente que fantastique nous prouve une fois encore qu’il ne cesse de se bonifier avec le temps ; autrement, il subsiste une pléiade de noms méritant d’être cité, tel que Jonah Hill, surprenant dans la peau du terrible Donnie Azoff, ou encore Margot Robbie, divinement sublime dans le rôle de l’enchanteresse Naomi… à noter pour finir les quelques brèves (mais fameuses) apparitions de Matthew McConaughey, auteur notoire d’une improvisation remarquable, ainsi que de Jean Dujardin, drôle comme pas deux dans son rôle de banquier suisse douteux.
Bref, tout ceci combiné donne donc lieu à un divertissement d’apparence tapageur et insolant dans ses nombreux propos ; toutefois Le Loup de Wall Street ne s’arrête pas à un vulgaire stade composé d’innombrables péchés tous plus répréhensible les uns que les autres, non.
En effet, la découverte de l’envers du décor au travers de l’irrésistible ascension de Jordan Belfort prend plutôt la forme d’une satire bien pensée ; il est d’ailleurs très captivant d’observer le parcours incroyable réalisé par cet homme parti de rien (alors juste cupide, rien de bien méchant), pour finalement sombrer dans une spirale infernale gouvernée par l’argent et la drogue.
Sa chute est donc logique en tous points, et le propos sous-jacent véhiculé par le long-métrage prend dans son dénouement tout son sens.
Sacré coup de maitre en somme avec ce chef d’œuvre du genre, original et foutrement divertissant… chapeau bas au tandem Scorsese / DiCaprio !