Scorsese ne lâche pas le rythme et à la manière d’un Clint Eastwood ou d’un Woody Allen nous livre sa traditionnelle production annuelle. Que peut-on encore attendre de Scorsese ? Est-il encore possible pour ce cinéaste de nous surprendre ? Non. Le Loup de Wolf Street n’est rien d’autre qu’une énième version des Affranchis (dont les deux fins sont très proches)ou de Casino. Voix-off (souvent remplacée ici par des didascalies), film de plus de deux heures, unité de temps explosée, bande-son rock, multiplicités des intrigues, etc…
Le Loup de Wall Street raconte donc l’ascension et l’inévitable chute d’un magnat de la finance, parti de zéro, arrivé au sommet pour mieux en redescendre. Thème classique scorsesien par excellence : grandeur et décadence d’un personnage aux mœurs plus que douteuses mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer. Cette fois-ci, le milieu de la mafia traditionnelle est remplacé par la mafia boursière. L’univers des films qui ont fait sa réputation est simplement transposé au monde de la finance, mais la narration, la construction de l’intrigue, la forme restent les mêmes.
Cela étant dit, on ne boude pas son plaisir devant ce film amoral et souvent très jouissif. Léonardo Di Caprio y est déchainé et rappelle les meilleures prestations de De Niro chez Scorsese : fou, mégalomane, épicurien. On assiste à un spectacle qui aurait très bien pu faire l’objet d’une série de par sa densité mais qui est compressée dans un format hollywoodien (3h tout de même mais durant lesquelles on ne s’ennuie pas), rendant l’objet survolté et dynamique.
Le Loup de Wolf Street ne permet pas à Scorsese de se renouveler, mais constitue certainement son meilleur film de mafia.