80 ans d'Histoire américaine et deux rôles promis aux prochains Oscars. Ce "Majordome" oscille sans cesse entre ces deux pôles : la mise en avant de la performance d'acteurs pour Forest Whitaker - dont le côté ahuri placide fait, ici, merveille - et Oprah Winfrey, qui fait une passage remarqué du monde de l'animation télé à celui du ciné ; la volonté de conter le récit de l'émancipation des noirs depuis l'avant-guerre aux Etats-Unis. Le tout filmé avec une grande platitude et un manque de dynamisme assez accablant, parsemé de quelques caméos "show-business" avec Lenny Kravitz ou Mariah Carey au casting.
Bilan, les séquences - plus ou moins dramatiques - se succèdent sur un rythme égal, suivant la chronologie des présidences successives (et des numéros de cabotinage plus ou moins réussis de John Cusak, Robin Williams ou James Mardsen), dans une Maison blanche revue en Case de l'Oncle Sam filmée avec une indolence qui contraste avec la violence du fond des propos.
Le coup de projecteur historique est, bien sûr, intéressant. Et il est vertigineux de voir l'évolution, entre le climat quasi esclavagiste du Sud des années 30 et le meurtre impuni du père de Cecil Gaines et l'entrée, 80 ans plus tard, de Barack Obama, à la Maison blanche. Et il n'est pas inutile de rappeler la violence qui accompagné le mouvement pour les libertés civiques dans les années 60. Tout aussi stimulantes sont les paroles mises dans la bouche de Martin Luther King, évoquant le rôle "subversif" des "nègres de maison", démontrant, par leur professionnalisme, la capacité égale des noirs face aux blancs...
Sauf que cette dimension-là, qui aurait pu être au coeur de ce biopic atypique peine à s'incarner derrière le masque monolithique de Forest Whitaker, témoin passif de l'évolution de son temps (rôle pas facilité par un montage alternant sans cesse la vie au quotidien dans la Maison blanche et les événements à l'extérieur).
Démonstratif et poussif, ce film confirme que les bonnes histoires et ne donnent pas forcément des bons films.
danielmuraz
4
Écrit par

Créée

le 6 oct. 2013

Critique lue 351 fois

danielmuraz

Écrit par

Critique lue 351 fois

D'autres avis sur Le Majordome

Le Majordome
drélium
6

34 years a slave

Armé de son charme ricain breveté, The Butler est fait pour verser sa petite larme à emporter, que ça dégouline sur ta joue sans crier gare alors que l'on ne voit que des gros plans de visages...

le 29 avr. 2014

28 j'aime

Le Majordome
Moorhuhn
3

La Soupe à oscars

Recette du films à oscars - Facile à préparer - Budget abordable Commencez d'abord par parler d'une histoire vraie sans prendre de grands risques. Quoi de mieux que de parler de la...

le 7 oct. 2013

28 j'aime

4

Le Majordome
hugovanmalle
8

Critique de Le Majordome par hugovanmalle

Je n'avais ni vu l'affiche, ni ne savais de quoi parlait le film. On m'y a entraîné et c'est une bonne chose, j'ai regardé le film comme il se déroulait sous mes yeux et j'en suis sorti en me disant...

le 12 sept. 2013

28 j'aime

Du même critique

Le Grand Soir
danielmuraz
8

Punks not dead !

Cinquième film en huit ans pour le duo Benoît Delépine / Gustave Kervern. Et, au-delà de la sélection cannoise, cette année, la confirmation d'une vraie oeuvre en construction et de deux vrais...

le 30 juin 2012

2 j'aime

La Colline aux coquelicots
danielmuraz
6

Pas de souffle sur les Coquelicots

Laissant de côté le lyrisme environnemental de Hayao Miyazaki, tout comme l'héroïc-fantasy de son précédent film, « la Colline aux coquelicots » plonge dans le Japon du début des années 60, tout...

le 12 janv. 2012

2 j'aime

Sinister
danielmuraz
2

Sinistré

Sinister fait peur. Par la vacuité de son scénario et la platitude de sa mise en scène. Pourtant la première séquence - avec cette pendaison filmée en super 8 granuleux et son air de snuf movies...

le 27 déc. 2012

1 j'aime