Allez, on dira que « ça se laisse regarder », ...expression qui me semble assez juste pour synthétiser au mieux tous les sentiments partagés qu'il est légitime d'avoir au visionnage de ce petit polar de seconde zone. 
Au (tout) départ, ça commence bien, mais ça ne dure que quelques minutes. Puisque, très vite, et fort malheureusement, le réalisateur a eu l'horrible idée de se sentir obligé de faire une scène compliquée qu'il ne pouvait effectuer de manière brute : un accident de voiture tout en haut d'un pont. Pas forcément difficile en soi me direz-vous, sauf que là le rendu final est tout simplement horrible. Si au moins il avait eu la bonne idée d'éviter le mélo (et faire en sorte que la voiture plonge tête la première dans la flotte pour que l'affaire soit vite torchée), afin que le personnage de Morgan Freeman soit lesté d'un fardeau post-traumatique qu'on ne sentira finalement jamais pendant toute la durée du film, on se serait tout simplement abstenu de penser que c'est un beau gâchis.
Heureusement, le film ne s'arrête pas à ça, et vu que la suite « se laisse regarder » comme je le disais plus haut au risque de me répéter, on en oublierait presque cette introduction ratée. Mais non, d'autres incohérences en tous genres qui parsèment le film semblent avoir pour fonction de nous rappeler l'hideuse entrée en matière : à commencer par l'intuition, l'intelligence et le sang froid dont est dotée la jeune fille kidnappée, sorte de MacGyver enfantin et féminisé, pour, facile, créer un embrasement à partir de piles dégotées dans l'interphone de sa cellule capitonnée qui auront été jetées sous le feu de l'eau que se chauffait le ravisseur pour bien-entendu, se faire une tisane (je le redis : le ravisseur voulait se faire une tisane!). Et que dire, lorsque, grâce à un instinct dingue et animal, très logique pour une fille prépubère kidnappée depuis plusieurs jours, avec tout ce qu'un rapt implique de traumatismes au niveau du sommeil, de la nutrition, et j'en passe, cette même jeunette sent que son sauveur n'est pas celui qui veut bien le faire croire ?
On passera sur le sentiment de culpabilité qui ne ronge en rien le personnage principal, sauf, une fois dans le film, pour créer une forme d'hésitation à l'idée d'embaucher une nouvelle coéquipière qui plus d'une fois nous lassera par sa psycho-rigidité donnant l'impression d'être moins un aspect souhaité et joué par l'actrice qui l'incarne que le résultat involontaire d'une incompétence de comédienne à ne pouvoir jouer autrement son personnage de poupée barbie pas forcément bien taillé pour le rôle. Je ne parle même pas de la piètre association des deux acteurs principaux, qu'un producteur mal intentionné aura malgré tout provoquée, simplement pour avoir un personnage (trop) sexué pour un film dont le seul trait érotique reste un baiser inutile à la toute fin de l'histoire. Bon d'accord, quand on n'est pas habitué à pareil duo, on réagit, ...par manque d'habitude donc. Ou alors faut-il le voir comme l'une des originalités du produit ? - Difficile à avaler. Le bien nommé Michael Wincott peine un peu dans un rôle de méchant qui semblerait presque trop caricatural pour lui ; finalement, comme d'autres, il est toujours plus à l'aise dans des rôles de gars virils et sombres, mais non dénués d'une touche d'humanité (« Robin des bois, princes des voleurs », « Alien la résurrection »).

L'histoire n'a rien d'original en elle-même, et est dotée de tous les aspects un peu « vendeurs » de certains films de l'époque (les masques de certains personnages se révélant à la fin du film, comme dans « La rançon ») pour que le film ait ce petit parfum de film « noir », qui dans l'après-coup relève un peu le niveau malgré son caractère globalement emphatique et poussif. Ajoutons un soupçon de pluie dans certaines scènes qui fait le sel de bien des films noirs pour le bon sentiment d'ambiance, quelques scènes brutales de tueries sanglantes qui font leur petit effet, et d'inévitables résolutions de problèmes insolubles effectuées grâce à l'instinct d'un détective surdoué constituant là l'une des spécificités des rôles de policiers taillés sur mesure pour Morgan Freeman, éternel vieux policier lassé mais infatigable semblant toujours devoir repousser l'âge de la retraite avec une énième énigme à résoudre et sans qui le film ne serait rien, et nous avons là un truc mal ficelé qui dans son ensemble tient étrangement la route, bien que très imparfait au point de mordre le bas côté.

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le 27 avr. 2020

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Errol 'Gardner

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