Feutré, tout en retenue, "Le messager" de Losey n'en est pas moins tragique: cet été d'un jeune garçon de milieu modeste auprès d'une riche famille aristocrate britannique à l'Époque Victorienne sera pour lui celui de l'initiation, de la déception, laissant des cicatrices ineffaçables. On pense bien sûr très fort à "L'amant de Lady Chatterley", à l'explosion des rapports de classe par la sexualité et l'amour, le jeune héros se posant à la fois en observateur, en intermédiaire et en amoureux déçu. Mais par rapport au côté cru (du moins pour l'époque) du livre de D.H. Lawrence, l'œuvre de Losey est elle beaucoup plus lancinante, discrète et contemplative. Mise en scène sublime, magnifique photographie, "Le messager" captive non par son scénario classique, mais plutôt par la beauté des images que l'on voit défiler et l'imaginaire qu'elles reflètent. L'essence du cinéma en somme...