Pixar #17 Memento

13 ans après Le Monde de Nemo et surtout quelques mois après le premier bide de son histoire, The Good Dinosaur, Pixar revient aux sources avec un de ses plus gros succès, une suite, sous forme de spin-off centrée sur le personnage de Dory. J'avais beau adoré le premier volet, il ne fait même pas parti de mon top 10 du studio (ce qui franchement n'est en rien une attaque contre la qualité du film, loin de là), et Dory est un des personnages que j'aime le moins parmi tous ceux créés par le studio. Alors quand l'idée d'un film centré sur elle a été annoncé, j'ai eu peur, et malgré le retour d'Andrew Stanton à la réalisation, la promo du film me laissait vraiment penser à une copie du premier, avec Dory dans le rôle de Nemo. Je n'aime pas avoir tort, mais pour une fois je suis bien content de m'être trompé.

Alors oui, Dory reprend une partie de la trame scénaristique de Nemo, mais elle le fait de façon intelligente, on retrouve énormément de parallèles, mais à aucun moment je n'ai ressenti que le film copiait son prédécesseur, il lui rend hommage au pire, de façon très intelligente (pour se déplacer à travers l'océan par exemple, ce qui est un bon moyen de retrouver des personnages vus et appréciés dans le premier volet, sans que ça fasse forcé), et au mieux il est capable de relier les deux films que ce soit dans les thèmes, l'évolution des personnages ou tout simplement au niveau de l'histoire elle-même. Le premier film avait en son centre la découverte personnelle de Nemo sur sa propre identité, et c'est un thème qu'on retrouve avec le personnage de Dory, mais d'une façon différente. Ainsi dans le premier film, les troubles de la mémoire de Dory étaient utilisés purement comme comic relief, mais ici ils sont traités comme ce qu'ils sont vraiment, un handicap. Et pour m'y connaître en troubles de la mémoire (pas du niveau de Dory fort heureusement), ça fait plaisir de voir cet handicap pris au sérieux, et surtout de voir la façon dont Dory essaie de s'en sortir, essaie de vivre avec, mais au final se retrouve impuissante quand elle perd quand même le fil de sa pensée, ça m'a d'ailleurs beaucoup fait penser à Memento, sauf que Dory est un poisson, donc si elle veut s'auto tatouer, c'est un peu plus compliqué, j'aimerais entrer dans les détails, mais j'ai pas encore breveter mon invention.

Puis j'ai trouvé ça ingénieux de situer la suite un an après les événements du premier volet, d'un côté ça permet aux personnages d'évoluer de leur côté, mais dans le même temps ça permet de ne pas trop chambouler les relations, et ainsi ne pas avoir à reconstruire celles-ci lors de la première partie du film. On voit aussi que Marin, qui avait bien évolué à la fin du premier volet, laissant beaucoup plus de liberté à son fils, est revenu au même point qu'au début du premier volet, sauf qu'au lieu d'être constamment inquiet pour son fils, il l'est maintenant pour Dory. J'ai trouvé ça très intelligent car ce n'est pas une régression de son personnage, mais une continuation logique, on ne change pas du jour au lendemain et son caractère ultra protecteur s'est réincarné d'une façon différente. D'ailleurs en parlant de Marin, j'aimerais encore une fois saluer le doublage absolument parfait de Franck Dubosc, ça me fait toujours bizarre d'écrire ces lignes, surtout à quelques jours de la sortie de Camping 3, mais il est juste impeccable. Franchement il a trouvé sa voie, non parce que les multiples déjections cinématographiques dans lesquelles il gâche son talent, c'est plus possible (après je dis ça mais je ne sais pas ce que vaut son doublage dans Megamind, mais dans Nemo et Dory, sa performance est suffisamment bonne pour qu'on se dise 1. « Attends, c'est vraiment Franck Dubosc là ? » et 2. « C'est peut-être pas un cas désespéré ce mec. ». Et tant que j'y suis sur le doublage, Kev Adams est loin d'être catastrophique aussi, même si son personnage n'est pas le meilleur du film, sa performance est plutôt correcte, un rôle secondaire qui lui sied à merveille. Et Céline Monsarrat comme toujours géniale, c'est dommage de devoir attendre la sortie en bluray pour découvrir la performance d'Ellen, mais ça compense largement.

Techniquement on se trouve face à un film encore une fois très accompli, encore plus beau que son prédécesseur (13 ans d'écart, le contraire aurait été inquiétant), mais qui n'atteint pas le photoréalisme de The Good Dinosaur ou encore de la première partie de Wall-E. Et ce n'est pas une critique, loin de là, visuellement, on a toujours l'impression d'être dans le même univers que dans le premier film, avec plus de moyens et de technologie, sans perdre la force de l'univers qu'avait mis en image Stanton. On est en permanence au courant qu'il s'agit d'un film d'animation qui n'essaie pas d'aller plus loin et ça me plait, surtout qu'avec les jeux de couleur magnifiques, les scènes hors de l'océan m'ont vraiment fait penser au Pixar « Old school », bon sur 2/3 plans certes, mais qui me restent vraiment en mémoire tant j'ai eu l'impression d'être à nouveau un gosse devant ceux-ci.

Ensuite en vrac, j'ai adoré les nouveaux personnages, notamment Hank le poulpe qui est le meilleur personnage du film à mes yeux, WTF total en entendant le cameo vocal d'une célébrité (sachant que le même rôle est donné à Sigourney Weaver dans la VO, ça fout les boules, même ça m'a fait rire sur le coup), la scène post générique est énormissime et je ne regrette en rien d'être resté durant le générique, la musique composée par Thomas Newman est plutôt correcte, mais oubliable, et certaines situations traînent un peu trop en longueur à mes yeux.

Au final, Le Monde de Dory n'est pas la catastrophe à laquelle je m'attendais, et il a même réussi à me faire changer d'avis sur un personnage que je n'appréciais pas trop. Une suite inutile dirons certains, inutile pour eux, mais pour moi, c'est l'occasion de changer ma perception du premier volet grâce au développement de Dory, l'occasion pour Andrew Stanton de revenir par la grande porte et d'effacer l'échec commercial de John Carter, l'occasion pour Disney de s'en mettre encore une fois plein les poches avec encore un putain de succès en 2016 (déjà que Civil War, Zootopia et Jungle Book sont les trois films ayant le plus rapporté cette année, ça va suinter la rage chez leur détracteurs), et c'est surtout pour Pixar l'occasion de réaffirmer son statut de mastodonte du cinéma d'animation après le gros bide (justifié ou non, là n'est pas la question) de sa dernière sortie. S'il ne révolutionne rien, il est encore une fois un exemple de l'anomalie mathématique qu'est le studio, où un très bon film est facilement vu comme un Pixar en dessous de la moyenne. Et puis maintenant je suis moins réfractaire à une suite, tant qu'à faire sur le personnage du poulpe, s'il vous plaît !