J'aime bien Diastème, auteur et réalisateur de deux bons films (« Juillet-Août » et « Un français »), sans oublier le scénario de l'émouvant « Claire Andrieux ». C'était donc en confiance que je me suis rendu en salles pour assister à ce thriller politique évoquant un sujet a priori prometteur : une présidence en crise face à la quasi-assurance d'une victoire de l'extrême-droite suite à un scandale financier sur le point d'être annoncé. Et pendant une bonne moitié, je me suis retrouvé dans la démarche : ce choix de filmer quasi-exclusivement en intérieur, ce côté très froid, presque glaçant de l'exercice du pouvoir, sans aucun glamour, où toutes les décisions sont prises vite, par deux-trois personnes dans des bureaux, est pertinent et montre avec pertinence la déconnexion d'une élite, loin de son peuple tout en devant prendre parfois les décisions les plus douloureuses.
Simple mais efficace, avec un dilemme présenté de façon claire, pas trop de protagonistes, juste ceux essentiels à la situation. Pas mal de dialogues, un peu démonstratifs mais pas trop, sans que l'action soit totalement statique, même si l'on a parfois du mal à suivre les agissements de certains (Alban Lenoir et Denis Podalydès en tête). Et puis... l'effondrement. Que s'est-il passé ? On ne comprend plus rien. Où est passé le sujet initial ? Pourquoi cette bifurcation confuse, incompréhensible ? Les états d'âme sentimentaux de la Présidente et du Secrétaire d'État, vraiment ? Les problèmes de santé de la première prenant une place de plus en plus prépondérante et mélodramatique au possible ? Encore cela aurait-il été amené de façon à peu près convenable, mais on nous le balance presque comme ça, au détour d'une scène.
Les réactions des uns et des autres n'ont alors plus grand sens, même l'écriture initialement solide devenant défaillante : on n'y croit plus, ni aux situations, ni aux personnages. On surjoue la gravité dans le vide et ne sait même plus ce que Diastème cherche à exprimer tant les propos sont devenus contradictoires. Il faut aussi dire qu'excepté Podalydès et la délicieuse Emma de Caunes que l'on ne voit malheureusement qu'un (joli) instant, le casting n'était pas le plus adapté au vu du sujet, Léa Drucker, pourtant si convaincante dans « La Consolation », manquant de stature. Alors c'est bien joli de s'inspirer pour son titre de Stefan Zweig et de conclure son film par une citation de l'auteur viennois. Encore aurait-il fallu que ce regard sombre sur la politique ne soit pas, ironie du sort, une triste métaphore de Marine Le Pen en 2017 : un bon premier tour, avant l'effondrement au second. Décevant.