Le monde est à toi. Le titre ne peut que faire penser au fameux credo de Tony Montana, The world is yours, dans Scarface (1983). Mais comme le dit Romain Gavras lui-même pour décrire son 2e film, Le monde est à toi, c’est « Scarface en version nuls ». Car à défaut de Tony Montana, c’est une bande de pieds nickelés qui se retrouve en Espagne pour un go fast qui ne se passera évidemment pas comme prévu…
Difficile de ne pas voir dans le Monde est à toi la vision « clipesque » de Romain Gavras. Le film est stylisé à souhait, accorde un soin tout particulier pour sa BO (qui prend le contre-pied d’inclure quelques standards de chanson française : original !) et comme dans ses clips, Romain Gavras prend un malin plaisir à jouer avec les codes et les clichés, notamment de la banlieue, pour mieux les parodier. Cela donne une comédie française au ton inédit et rafraîchissant, à la fois pop et déjanté, faisant parfois penser aux premiers films du Britannique Guy Ritchie, comme Snatch (2000) ou Arnaques, Crimes et botanique (1998).
Film choral, la réussite de Le monde est à toi tient dans la richesse de ses personnages et dans le casting hétéroclite de Gavras : Isabelle Adjani et Vincent Cassel s’amusent dans leur exercice de contre-emploi, mais mentionnons la belle performance tout en nuances de Karim Leklou dans ce rôle de dealer qui veut sortir du milieu. Il donne de l’épaisseur à un film déjà remarquable pour ses choix novateurs, ses dialogues ciselés et son sens du rythme.