Parfois on en vient à se demander si l’on n’est pas passé à côté d’un film au vu des critiques élogieuses lues, vues ou entendues un peu partout. Ou si on a vu le même film. Ou encore s’il n’y pas eu un effet d’emballement généralisé mais immérité. Bref, le sentiment premier à la sortie de ce film acclamé et présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes cette année est la perplexité. Et par ricochet qu’il est complètement surévalué. En effet, « Le monde est à toi » n’est ni plus ni moins qu’une vulgaire et surtout très banale comédie de gangsters qui se rêve en successeur des films de Guy Ritchie première époque ou l’héritière d’un certain cinéma français de banlieue type « La Haine » de Mathieu Kassovitz. Malheureusement, on en est très loin et tout cela lorgne plutôt du côté du mauvais plagiat faussement novateur. Et ce n’est pas parce que le visuel est soigné et flatte la rétine (on sent le passé de clippeur type MTV de Romain Gravas à chaque plan) et que des stars sont venues cachetonner et jouer le contre-emploi que nous allons prendre des vessies pour des lanternes. Alors oui cela fait plaisir de revoir Isabelle Adjani, surtout dans ce type de films, mais elle est plus souvent proche du ridicule, cachée sous des lunettes et des perruques qui sembleraient masquer les ravages de la chirurgie esthétique. Quant à Vincent Cassel, il s’en sort un peu mieux, mais son rôle est trop effacé en dépit de caractéristiques plutôt intéressantes mais très mal exploitées. Ne parlons pas de François Damiens venu faire coucou en nous rejouant le rôle du belge idiot. Et Karim Leklou en tête d’affiche n’est pas mauvais mais manque terriblement de charisme pour un rôle comme celui-ci.
Quant à l’histoire en elle-même, elle est commune à des dizaines d’autres films du même genre. On y voit des pieds nickelés tentant de monter un dernier gros coup pour s’offrir une vie meilleure. S’enchaînent donc les trahisons, les arnaques, les quiproquos et les vannes (la plupart du temps pas drôles) à un rythme assez rapide pour que l’on ne s’ennuie pas, mais très loin d’être infernal. Et plus les minutes passent, plus on se contrefiche de voir comment va se terminer cet engrenage criminel rempli de bêtise et de clichés sur la banlieue et les malfrats. De plus, pas grand-chose de ce qui se passe à l’écran n’est crédible, entre l’improbable caïd du quartier, le retournement de situation final ou encore la scène du parc aquatique. Du coup, au final, on se demande si toute cette mise en scène tape-à-l’œil et bling-bling n’est pas l’arbre (très peu feuillu !) qui masque la forêt (très dense !). La vacuité du scénario et des dialogues pas forcément très écrits sautent aux yeux, égratignent les oreilles et finissent d’achever le peu de patience qu’il nous restait. Il est donc vraiment très étrange de constater les critiques presque dithyrambiques dont bénéficie « Le monde est à toi ». Que ce soit l’aspect comique ou l’aspect suspense, ils sont aux abonnés absents tous les deux et le film nous laissent vraiment dubitatifs et circonspects.
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