Un film objectivement moyen et parfois confus, même si à titre personnel je reste sensible à l'atmosphère des ces polars "à la Boisset" que produisait en quantité le cinéma français des années 70-80.
La grande originalité du "Mors aux dents" réside dans son univers rarement abordé au cinéma, en l'occurrence le milieu des courses hippiques, l'intrigue s'inspirant d'un fait divers qui avait fait grand bruit à l'époque, autour de la personnalité atypique de Patrice des Moutis, diplômé de l'Ecole Centrale qui remporta des millions au tiercé grâce à des méthodes controversées, contraignant le PMU à modifier ses règlements.
Ancien assistant de Tavernier et de Boisset justement, le réalisateur Laurent Heynemann réunit pour son deuxième long-métrage un casting impressionnant, emmené par un trio prestigieux : Michel Piccoli incarne avec sa flamboyance coutumière un avatar de des Moutis, Michel Galabru se distingue en industriel véreux sur le déclin, tandis que Jacques Dutronc campe un jeune politicien ambitieux.
Les nombreux seconds rôles sont au diapason, à l'image de Nicole Garcia, Michel Beaune, Jean Benguigui, Roland Blanche, Charles Gérard et j'en passe...
Visuellement, "Le mors aux dents" a plutôt bien vieilli, en dépit de sa photo assez terne. Ainsi, je pensais durant le visionnage que le film datait du milieu des années 80.
Heynemann soigne ses cadrages et sa profondeur de champ, avec de fréquents plans d'ensemble ou panoramiques.
En revanche, le récit apparaît laborieux voire mollasson - en particulier dans sa première moitié - d'autant qu'aucun personnage ne suscite une véritable empathie (il est vrai que j'ai beaucoup de mal avec Dutronc, le supposé héros, que je trouve fadasse).
Sans être désagréable, ce thriller politico-financier a donc du mal à se distinguer de la concurrence, malgré son sujet original.