Connu surtout pour la prestation de Meryl Streep et sa dimension sociale on ne peut plus honorable, « Le Mystère Silkwood » n'est pas ce qu'on peut appeler un mauvais film. Mike Nichols a des choses à dire, le fait plutôt bien et nous offre quelques beaux personnages très crédibles, à l'image d'une Cher aussi émouvante qu'abominablement sapée. Le problème, c'est qu'il est quasiment impossible de ne pas faire une comparaison avec l'étourdissant « Syndrome chinois » réalisé quatre ans plus tôt, et de ce point de vue il n'y a pas photo. Je ne suis pourtant pas fou des comparaisons, mais sur un sujet très similaire, l'un joue dans la cour des drames honnêtes, l'autre dans celle des très grands.
La faute peut-être à un réalisateur ne tenant pas ici la forme de sa vie, se contentant de mettre en images un peu platement le récit de cette femme courageuse se découvrant une conscience professionnelle et syndicale sur le tard. De plus, le trio Meryl Streep - Kurt Russell - Cher a donc beau être excellent, il ne fait pas le poids face à la maestria de celui composé par Jack Lemmon, Jane Fonda et Michael Douglas dans l'œuvre de James Bridges, qui avait mis il est vrai la barre à des cimes particulièrement élevées. On en ressort sans la moindre antipathie, simplement conscient d'avoir vu un film sincère et généreux, mais loin toutefois de l'émotion que l'on pouvait espérer d'un tel sujet.