Whirlpool
C'est-à-dire "tourbillon". Pourquoi les distributeurs français ont encore phosphoré en vain pour nous sortir un "mystérieux docteur Korvo" qui dévoilerait presque des éléments de l'intrigue. Otto...
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le 1 juil. 2022
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C'est-à-dire "tourbillon". Pourquoi les distributeurs français ont encore phosphoré en vain pour nous sortir un "mystérieux docteur Korvo" qui dévoilerait presque des éléments de l'intrigue.
Otto Preminger renoue dans ce film avec Gene Tierney après son chef d'œuvre "Laura" tourné quelques années plus tôt.
Dans "Whirlpool", Ann Sutton, épouse d'un psychanalyste renommé, est victime d'une manipulation mentale qui tourne à la machination. Bon, c'est sûr que le sujet de l'hypnose est très fascinant pour des gens qui n'y connaissent pas grand-chose (comme moi). On peut être tenté de leur faire avaler n'importe quelle couleuvre. Le problème, c'est de ne pas déraper en profitant de ce domaine pas très connu du grand public pour arranger l'histoire, en rajouter et la faire "tenir". Et là, je me demande si ça n'est justement pas le cas avec les histoires d'auto-hypnose et d'hypnose simultanées. Inévitablement, on en vient à s'interroger comment, par exemple, le mari, psychanalyste, ne se rend pas compte que sa femme, dont il est très proche, est sous influence. Une autre question qu'on peut se poser est pourquoi Ann Sutton s'arcboute à cacher sa kleptomanie. A la limite, le flic qui n'est ni psychologue ni psychanalyste comprend mieux ce qui cloche chez sa femme. Cette faiblesse du scénario, qu'on pourrait qualifier de facilité, gâte un peu la deuxième partie du film.
Il n'empêche que le début du film est remarquablement mis en scène lorsque ce "providentiel" docteur Korvo sauve la mise d'Ann Sutton puis lors de l'entrevue au restaurant où Ann Sutton se méprend sur les intentions du "bon" docteur pour mieux tomber dans un piège encore plus dangereux. D'une façon générale, d'ailleurs, le travail de mise en scène de Preminger avec sa caméra qui suit pas à pas et colle aux personnages est admirable, par exemple, dans la scène où Ann Sutton descend l'escalier pour aller au coffre ou encore la scène où le docteur Korvo prépare méticuleusement son appartement pour recevoir Ann Sutton.
J'aime beaucoup Gene Tierney dans son rôle assez émouvant d'Ann Sutton notamment dans ses relations avec le docteur Korvo où elle sent confusément le danger, se débat, croit marquer un point mais en définitive ne fait que s'enfoncer un peu plus. Elle réussit à sauver son intégrité physique sans se rendre compte qu'elle perd son intégrité morale.
Le rôle du "bon" docteur Korvo est assuré par un magistral José Ferrer, grand manipulateur devant l'Eternel. Son jeu de fuite devant Gene Tierney est assez angoissant car ni Gene Tierney ni le spectateur ne voient clairement ses véritables intentions sinon qu'elles sont sûrement malveillantes.
Un autre rôle intéressant est celui du flic, pragmatique, qui s'en tient aux faits et ne s'embarrasse pas des théories plus ou moins fumeuses des psys. Et quand on tente de lui expliquer que 2 et 2 font cinq, il ne marche plus. C'est l'excellent Charles Bickford qu'on trouvera dans ce rôle presque humain.
"Whirlpool", est en dépit de la faiblesse du scénario dans sa deuxième partie, un bon polar où Otto Preminger conduit efficacement Gene Tierney et José Ferrer dans des rôles fascinants et inquiétants. "Whirlpool" est, en ce qui me concerne, une découverte qu'il faudra que je revoie afin, peut-être, de réajuster cette critique.
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le 1 juil. 2022
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