Cette comédie méridionale un peu hybride (l'adaptation française "provençalise" le village italien de Peppone et Don Camillo) consiste à opposer deux dogmes dans une pittoresque querelle de village et de clocher (au sens propre, parfois, quand Don Camillo, du sommet de son église, fait feu sur Peppone et les siens!)
Les valeurs communistes et chrétiennes ne s'harmonisent guère à Brescello où le maire et le curé se dispusent le "leadership". D'un côté l'idéologue têtu et pas très futé maire Peppone, de l'autre le bagarreur et peu tolérant curé Camillo.. La comédie de Duvivier (qu'on peut être surpris de trouver là) est le récit de leur lutte d'influence, de leur inimitié plus ou moins cordiale perpétuée par les coups bas et les médisances.
Ce célèbre duo du cinéma que forment Gino Cervi et Fernandel ne manque pas de saveur, et les déconvenues de l'un et l'autre ne sont pas dénuées d'ironie, notamment dans l'interprétation que chacun des deux fait de son idéologie et de celle de son adversaire.
Mais la mise en scène impersonnelle de Duvivier, le caractère hétérogène de la distribution et, surtout, la faible dimension accordée aux seconds rôles, à la population du village, détournent le film de la brillante comédie de moeurs qu'il aurait pu être, à la façon, pourquoi pas, d'un auteur comme Pagnol.