On a célébré un peu partout ce film comme étant l'un des meilleurs films (si ce n'est LE meilleur film) d'un cinéaste mondialement reconnu à la carrière déjà pleine de chefs d’œuvres. On l'a fait crouler sous une pluie de récompenses (que ce soit la palme d'or, les oscars, les césars etc.). On a salué le courage de Polanski de s'attaquer à l'histoire passionnante et vraie de ce pianiste rescapé du ghetto de Varsovie, manière pour le réalisateur de se pencher sur sa propre expérience de cette horreur de l'Histoire.
Sans n'avoir vu tout ça (et avec cette étrange phrase dans la tête, tout le long du film : "Alors ce n'est que ça, Le Pianiste ?"), je n'ai pourtant pas vu un mauvais film. J'ai vu un bon film, solidement écrit, excellemment interprété (Adrien Brody, exceptionnel dans ce film qui lui valu d'être le plus jeune acteur oscarisé de l'histoire), brillamment mis en scène (Polanski et son talent indéniable pour filmer les décors, les intérieurs tout autant que les extérieurs qu'il fait pulluler d'une foule compacte et enfermée dans ce ghetto, maîtrisée avec brio) et une précise reconstitution historique qui balaie avec un rythme soutenu (et ce sur près de trois heures) de grands épisodes de cette guerre.
Mais je dois avouer avoir été mis mal à l'aise par la construction de l'histoire, qui ne donne son titre au film que dans une dernière et, au final, pas très utile, partie ; là où je m'attendais à voir le destin étonnant d'un musicien juif engagé pour son talent par les nazis, je n'ai vu que l'errance d'un homme tenu vivant par la musique et qui, dans un ultime effort, parvient à jouer un morceau pour un commandant nazi affaibli par la guerre, en proie à la défaite. Sublime scène d'ailleurs, mais déception contenue globale.