Dans Questions de sociologie, publié en 1981, Pierre Bourdieu analyse la musique comme le « plus spiritualiste des arts de l’esprit et l’amour de la musique une garantie de spiritualité ».
Comment ne pas transposer cette quintessence artistique face à l’horreur de la Shoah.
Ce sont deux mondes qui vont s’opposer. Celui de la création, de la liberté, de l’esprit face à la répression, l’enfermement et la déshumanisation.
Évidemment, loin de moi est la prétention de vouloir expliquer la réalité - le film est basé sur l’histoire de Wladyslaw Szpilman - par une analyse sociologique mais il est intéressant de s’y référer pour tenter d'expliquer l'histoire.
Comment expliquer que cet officier allemand laisse la vie sauve au pianiste ? Toujours selon Bourdieu, il n’y a pas de pratique « plus classante, plus distinctive, c’est à dire liée à la classe sociale que la fréquentation du concert ou la pratique d’un instrument de musique noble» .
En entendant Szpilman jouer du piano, alors que ce dernier et il n’est pas inutile de le rappeler est au bord de la survie ; l’officier allemand voit un semblable face à lui. Une personne de sa classe sociale. Un éclair d’humanité va alors surgir.
Une fois ce postulat de départ admis, passons au film. C’est un bon film, sans aucun doute, mais je n’y ai rien vu d’éclatant.
Toute la vertu du film et les nombreux prix et décorations qu’il a pu recevoir ne le sont-il pas plus pour son Histoire que pour sa réalisation ?
Car oui, selon moi, ce n’est pas le film en tant que tel qui a reçu des distinctions mais sa chronologie.
Les souvenirs du pianiste Szpilman que Polanski a voulu ici adapter.
Cette critique n’aura donc pas parlé du film en tant que tel mais d’un fait qui s’est déroulé il y a plus de 80 ans.
Un moment d’humanité dans une période ou le monde l’avait perdue.
Les grandes histoires ne font pas forcement de grands films. Les grands réalisateurs, oui.