De bout en bout, je rejoins l'avis général : Le Pont du Roi Saint-Louis est une bien tristounette représentation du faste et de l'ennui poudré de l'empire colonial espagnol. On peut dire que McGuckian en garde au moins l'essentiel en se concentrant sur les costumes, mais il est difficile de se satisfaire de son assemblage fragile et flottant de moments forts télévisuels.
Sa distribution d'ensemble, où se sont égarés de nombreux acteurs de renom par quelque miracle de production, ne fait qu'ajouter à l'impression que ses scènes ont été découpées dans un feuilleton et recollées ensemble comme pour en constituer un best of sans transitions. Des dizaines de pistes intéressantes (ébauchées du roman peut-être) s'agitent comme des moignons de scénario avant d'être délaissées, nous laissant non seulement perplexes et frustrés mais souvent dans l'incompréhension de l'apparition d'un nouveau personnage, ou bien d'une voix off qui lance soudain des références à un contexte inconnu, même pas croqué.
Seul DeNiro flamboie modestement dans cette adaptation si incomplète qu'elle a tout l'air d'être bâclée et d'avoir émergé d'un ennui au moins égal à celui qui torturait la haute noblesse d'alors. Plaisant à voir si l'on veut un fond sonore sur lequel somnoler - il nous en restera en plus quelques belles images qui évitent d'en faire une expérience cinématographique tout à fait anodine.
→ Quantième Art