Commençons d'emblée avec le gros point noir de ce film, son scénario. Aussi prévisible qu'une envolée verbale d'Alain Finkielkraut, il est en sus flanqué d'un sous-titre anti-communiste balourd, suranné et tellement générique que les méchants staliniens sont remplacés, je l'imagine sans mal, par des trafiquants de drogue dans la VF.
Heureusement, l'œuvre possède d'autres atouts dans sa manche, et non des moindres. Richard Widmark marque de sa présence la pellicule, Jean Peters l'illumine par sa beauté. Les personnages en général sont bien écrits et sympathiques, à l'image de Moe, l'indic vendeuse de cravate, émouvante et prolixe, ou du capitaine Tiger, hargneux en diable. Les dialogues les appuient de plus d'une manière convaincante, notamment par leur causticité occasionnelle. Le rythme, trépidant (et, il est vrai, bien aidé par la durée relativement courte de l'aventure), est soutenu par de nombreuses scènes rendues mémorable par la réalisation de très (très) haute volée de Fuller.
La preuve est faite, pour ceux qui en douteraient encore, que l'on peut très bien manquer d'intelligence, et pourtant demeurer parfaitement désirable.