L'artiste et son modèle, Pygmalion et Galatée. Seul l'artiste est capable de voir le modèle tel qu'il est : reflet de son âme. Délaissée par son mari, snobé par son fils, la belle impératrice Ulanara n'a plus que son double fantomatique et son portraitiste, le frère Attiret , pour se permettre une quelconque évasion d'entre ces murs rouge sang qui l'entoure. Un récit sur la solitude d'une femme, entourée de concubines et de ses gardes qui ne peuvent comprendre son désarroi. Mais à force de passer du temps avec elle, le peintre percevra cette souffrance en scrutant les moindres détails de son visage. De là émerge alors un désir silencieux entre ces deux personnages que l'intention du réalisateur n'a malheureusement pas assez valorisé. Bien que le duo Bing Bing/Poupaud tient l'équilibre, il manque cependant de passion et de tension sexuel dans l'écriture de leur personnage. Le traitement du son pêche un peu lui aussi, parfois coupé de manière brutale, ou n'habillant pas correctement la scène.
Cependant, il faut regarder ce film comme on regarde une toile. Il faut prendre son temps et en observer les moindre détails. Charles de Meaux a certainement conçu ce film portrait comme un portrait. Ces plans s'attardant sur la beauté cristalline de Fan Bing Bing, sur son visage doux et pâle ainsi que son regard d'un noir profond qui vous happe comme un portrait de Vigée Le brun, transforment le spectateur en peintre qui élabore son croquis. Mêlé à cela, de beaux plans sur ce palais qui semble se prolonger à l'infini par la richesse de ses décors et de ses couleurs.
Charles de Meaux filme Fan Bing Bing comme Assayas filmerai Kristen Stewart, tel une muse. L'artiste fait poser son modèle et elle se sculpte avec le temps qui passe, avec les liens qui se tissent. Il observe, nous observons et en silence nous attendons ce fameux portrait, tout en attendant le moment où l'impératrice sera déchue.