En préambule, j'ai passé un très bon moment dans cette salle de cinéma.
Mais c'est vrai que le film part un peu dans tous les sens, on a vraiment du mal à comprendre ce qui nous est donné à voir, du moins à partir d'un certain point dans le film.
La première partie du film tient ses promesses, il est question d'un procès et d'un chien, et même du procès du chien. Notre narratrice/personnage principale/réalisatrice est une avocate dans la trentaine en quête de réussite dans son métier mais aussi d'érotisation de son corps.
On la suit donc dans cette affaire assez marrante (enfin pas pour le chien ni pour le maître mais pour nous, les spectateurs) prendre de plus en plus de place et s'affirmer dans son rôle d'avocate des causes perdues.
Le milieu du film est étonnant, et c'est là que la partition commence à ne plus savoir où donner de la tête, un virage est effectué et on met en parallèle ce chien misogyne (c'est amené de manière vraiment amusante) et la place de la femme dans cette société où mêmes les chiens ont le droit d'être misogynes. Ca aurait pu être le grand tournant du film, un twist amusant, mais on en reste là, et c'est ici que commencent les ennuis.
A partie de là le film ne sait plus trop où il va :
- Quête initiatique d'une femme en manque de repères ni vraiment mère (on reparlera de sa relation avec l'enfant), ni vraiment avocate (la malheureuse perd la plupart de ses procès) et pas vraiment amante (scène du supermarché où elle conceptualise sa vision érotisante de son propre corps et son rapport au corps de l'autre).
- Plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la position des animaux dans la société et de leur statut particulier qu'il serait temps de légiférer.
- Discours féministe sur la place des femmes dans cette société où même les animaux ont le droit d'être misogyne.
Le film fait un peu tout ça à la fois, mais malheureusement il se perd et ne traite jamais vraiment un sujet plutôt que l'autre. Toutes ses thématiques se mélangent sans jamais former un tout homogène et on ne sais plus trop où donner de la tête.
Alors c'est vraiment dommage, le filme est drôle, souvent, vraiment souvent. Les personnages sont tous bien interprétés (gros point fort du film selon moi), Laetitia Dosch est très convaincante dans son rôle et même dans sa réalisation avec de belles idées d'incarnation du personnage dans sa mise en scène.
Et puis parfois c'est burlesque, sans qu'on sache pourquoi (scène du caca dans le salon; scène du fruit jeté au visage dans le tribunal), c'est encore une fois assez symptomatique de cette réalisation qui se perd à vouloir trop en faire, trop en dire, et qui nous perd donc inévitablement.
La relation avec l'enfant n'est jamais vraiment traité si ce n'est au détour d'une scène assez énigmatique d'une confrontation avec la mère de celui-ci, confrontation qui ne mène à rien comme bien des scènes dans le film.
La fin (post-verdict) est encore une fois assez cryptique et prend le prétexte du fait réel pour nous délivrer une morale assez inefficace car diluée tout au long du film. Le personnage d'Avril devient tout à coup très énigmatique alors qu'on attendait pas vraiment des révélations de sa part. Le film aurait pu s'arrêter sans cette scène selon moi.
En somme, j'ai passé un assez bon moment, j'ai ri, j'ai presque pleuré mais j'ai surtout était assez circonspect.
C'est un premier film vraiment honnête, et il se peut qu'avec l'expérience Laetitia Dosch affine son propos et nous délivre dans le futur des grands films comique et dramatique.