La première partie du film, consacrée à l’acceptation, la préparation et le démarrage du procès est savoureuse. Le décalage entre le sérieux de la machine judiciaire, avec ses codes et ses rituels et l’incongruité du prévenu, le chien Cosmos, joue à plein. Un comité d’éthique composé entre autres de religieux, d’une ethnologue et d’un philosophe donne le ton. Cet assemblage hétéroclite, qui finit par se déchirer, pose la bonne question. Faut-il considérer un animal comme un être vivant, porteur de droits et donc de devoirs ? L’absurde pénètre progressivement dans le tribunal, non pas parce que le sujet est négligeable – il pose la question de notre rapport à l’animal - mais parce que les joutes oratoires, les effets de manche et les retournements miment avec brio les scènes de procès auxquelles nous sommes habitués. La séquence où Cosmos saute sur un plateau garni de buzzers pour répondre aux questions alambiquées du président du tribunal m’a fait beaucoup rire.
Malheureusement la deuxième partie du film se perd dans des digressions, des arcs narratifs secondaires qui restent effleurés plutôt que traités. Pourquoi Laetitia Dosch ne s’est-elle pas contentée, en parallèle du procès, de ne traiter qu’un unique aspect ? Par exemple la romance naissante avec le comportementaliste ou le destin du jeune voisin ou encore le poids des réseaux sociaux qui alimentent la frénésie irraisonnée des groupes de pression ? Qui trop étreint mal embrasse, dit le proverbe d’où une certaine confusion dans les messages portés par la mise en scène.
Il y a chez la réalisatrice et scénariste un peu de Dupontel, la même énergie, la même recherche de « gueules » marquantes (comme François Damiens trop peu utilisé ou Jean-Pascal Zadi ), le même pessimisme teinté d’optimisme (ou l’inverse, ça marche dans les deux sens), la même envie de changer le monde.
Dommage que le résultat, plutôt que de préserver la continuité du récit, aboutisse à un film à sketches. Ce genre, popularisé par le cinéma Italien, a ses mérites. Il dessert ici un peu le propos qui nous embarquait allègrement dans une comédie sur la justice et les doutes d’une avocate chargée de défendre la cause animale. Reste l’humour, l’abattage de Laetitia Dosch et sa capacité à doser la longueur d’une vanne. Et surtout saluons son pari culotté de proposer un film qui traite d’un sujet assez négligé, la dominance que nous exerçons sur nos animaux de compagnie sans vraiment chercher toujours à les comprendre.