Le film évoque tout à la fois les derniers mois de règne et de vie du président Mitterrand, figure contestée mais incontournable par son éminence tant politique qu'intellectuelle. C'est sans doute un sujet inédit que Guédiguian porte au cinéma, où l'on ne connait guère que des biographies (ou hagiographies) de personnalités historiques, plutôt que politiques, pas très contemporaines.
Adapté du livre de Benamou "Le dernier Mitterrand", le film épouse le point de vue d'un journaliste convoqué par un président soucieux de laisser quelque réflexion à la postérité. Ainsi, le film alterne les entrevues entre le Président et Antoine et diverses contingences personnelles du jeune homme sans lesquelles le film eut été un monologue présidentiel, passionnant au demeurant, tant le personnage de Mitterrand est déjà devenu mythique.
Guédiguian élude les questions et les personnalités politiques de la fin du second septennat et décline la "pensée" présidentielle suivant les humeurs bien connues de Mitterrand: badin, ironique, brutal, méprisant. L'homme qui se dessine n'est d'ailleurs pas tant l'homme politique finissant que le grand lecteur, l'esthète et surtout le vieillard malade hanté par la mort.
Pour donner corps à ce Mitterrand encore dans toutes les mémoires; il fallait bien un comédien de la stature de Michel Bouquet que son talent, son charisme et sa ressemblance morphologique désignaient d'évidence, sans contraindre l'acteur à verser dans le mimétisme appliqué. Bouquet EST le personnage et sa prestation, risquée, est absolument convaincante.