Un film français des années 80 situé dans l'univers du journalisme, ça ne pouvait que m'intéresser, même si de fait "Le quatrième pouvoir" comporte un certain nombre de lourdeurs.
Auteur notamment de "La traque", le réalisateur Serge Leroy s'efforce de mêler trois dimensions à son thriller politico-journalistique :
- une description du fonctionnement des médias, en particulier le service "info" d'une chaîne de télévision.
- une dénonciation de certaines pratiques politiques.
- une dimension intime, à travers le portrait de deux journalistes très différents dans leur approche du métier, ayant vécu une liaison quelques années plus tôt.
Concernant le premier point, si le film a évidemment pris un coup de vieux, l'analyse reste néanmoins pertinente, et constitue un témoignage intéressant sur cette période, en quelque sorte la préhistoire de notre époque, règne des chaînes d'infos en continu.
En revanche, sur le deuxième aspect, Serge Leroy échoue dans son ambition : la dénonciation apparaît convenue, dénuée de finesse et de rigueur.
Ainsi, il est question d'un pays du Moyen-Orient, fictif ou jamais nommé, et ce de façon très maladroite (voir l'interview du ministre au journal télévisé).
De plus, les politiciens incriminés apparaissent caricaturaux : menteurs, obséquieux, condescendants... Tout cela manque de subtilité, voire de crédibilité.
Certaines facilités du scénario vont également dans ce sens (cf l'implication du gangster qui avait pris Noiret en otage dans la scène d'ouverture).
La dimension intime du "Quatrième pouvoir" se révèle plus réussie, le réalisateur s'appuyant sur le charisme bonhomme de Philippe Noiret en vieux routard de la presse écrite à l'éthique irréprochable, sur la séduction distante de Nicole Garcia en présentatrice du JT ambitieuse et avide de célébrité, et sur leur complicité mutuelle.
Si globalement le film se révèle assez moyen, en raison de certaines lourdeurs, j'ai toutefois apprécié le dénouement inattendu, qui fait gagner 1 point supplémentaire à la note finale.
En effet, alors qu'on croit se diriger vers un happy end de pur divertissement, le réalisateur et sa coscénariste - une certaine Françoise Giroud - ont le bon goût d'achever le récit par une touche d'amertume bienvenue, qui vient intelligemment rehausser l'ensemble.