Raconter la vie de Jean-Luc Godard à un tournant radical de celle-ci, aussi bien sur le plan personnel que sur celui professionnel, bonne idée. Autant la plupart de ses films m'emmerdent profondément, autant le personnage a indéniablement quelque chose de fascinant pour moi.
Donner à l'esthétique de l'ensemble, l'aspect filmique bien coloré des films du monsieur des années 1960, d'accord. Faire de multiples clins d’œil aux méthodes narratives et filmiques de ce même monsieur, ouais, mais à force ça finit quand même par tourner à vide.
Par exemple, à un moment donné, Jean-Luc dit que les acteurs sont cons à un point même qu'ils accepteraient de dire que les acteurs sont cons... bon, on saisit l'ironie du truc, on sourit, amusante référence que l'on se dit à ce moment-là... mais le problème, c'est que cela va être refait une seconde fois avec la nudité, là ça devient lourd... S'il n'y avait que cela, mais Michel Hazanavicius (oui, c'est le responsable de cet échec !) va nous refaire plusieurs fois le coup à partir des trucs de Godard appliqués d'une manière moqueuse encore et encore et encore... C'est bon, ça passe une fois, pas besoin de faire son disque rayé...
Mais ça, c'est un problème bien secondaire par rapport au principal, mais qui tout de même déjà met en exergue que Hazanavicius veut juste se payer la tête de Godard, se foutre totalement de sa gueule.
Non, je ne suis absolument pas contre l'idée de montrer les gens tels qu'ils sont, au contraire. A vrai dire, je déteste même l'aseptisé. Mais ce que l'on retient de ce film, c'est que Godard pouvait être drôle et charmant quand il s'en donnait la peine, mais était surtout un être insupportable, immature, aux idées confuses, contradictoires, etc. Euh d'accord, c’est très bien de montrer quelqu’un tel qu’il était réellement. Et moi aussi, je trouve qu'un bourgeois vivant à l'aise à Paris, passant ses vacances dans des villas en bord de mer, qui se prétend révolutionnaire maoïste, c'est complètement con. Reste que des êtres comme celui-là, il y en a plein le monde des vivants et dans les cimetières.
Godard ne fait que des conneries, ne dit que des conneries, il ne fait rien de bien. Alors pourquoi le vrai Jean-Luc Godard (pas celui du film !) est une figure fascinante et est même considéré par certains comme un génie ? Le film ne pense même pas un seul instant à répondre à cette question, ni même à l'illustrer.
Je ne sais pas comment est le livre d'Anne Wiazemsky qui a inspiré ce film, mais Le Redoutable est beaucoup plus proche d'un magazine people qu'un biopic digne de ce nom. Et Stacy Martin et Louis Garrel ont beau faire tout ce qu'ils peuvent, l'ensemble est consternant. Et je reprécise que je ne suis absolument pas fan de Godard, donc on ne peut pas me reprocher d'être très critique envers cette œuvre parce qu'elle s'attaque à une de mes idoles. C'est juste que je n'apprécie pas un film qui a pour seule ambition de se foutre de la gueule de quelqu'un, sans rien proposer d’autre à côté.