Le Règne animal, ce n’était heureusement pas un documentaire sur l’avènement des punaises de lit dans la salle de cinéma (malgré l’actualité du sujet). Dans une France aussi proche que lointaine, une maladie mystérieuse touche les humains et les métamorphose petit à petit en animaux. Dans ce contexte, c’est l’histoire d’un père et son ado, qui déménagent dans le sud pour suivre la maman et son traitement, atteinte de cet étrange mal. La maman n’arrivera jamais dans le centre hospitalier, le père et le fils (mais surtout le père) la chercheront sans relâche dans la forêt des landes (gros + en tant que béarnaise de voir le sud-ouest si bien représenté, je crois d'ailleurs que les Landes étaient déjà bien présentes dans le dernier film de Thomas Cailley).
Le film démarre fort avec une créature qui sort d’une ambulance, il n’y a pas de prologue (souvent trop) long pour situer les personnages, les intrigues, leurs états d’esprits, etc. Je n’attendais rien du film, donc je n’ai pas été déçue (pratique). J’ai trouvé que c’était un bon film fantastique, à voir au cinéma car assez impressionnant visuellement parlant, avec un beau budget, plutôt divertissant, sans qu’il ne soit le film de l’année, pour plusieurs raisons. Je m’attendais à ce qu’il y ait une réflexion peut être un peu plus poussée sur la « part animale » qui est en chacun de nous. J’aurai par exemple aimé savoir d’où venait la maladie, pourquoi, comment, quitte à ce que une réflexion sur la société vienne étayer les propos.
C’est aussi un film sur la parentalité, dans une famille monoparentale : bien que que les ados ne se transforment encore littéralement en « bestioles », l’adolescence révèle souvent le grimlins qui sommeille en chaque ado, il change tant physiquement que mentalement, le(s) parents sont parfois (souvent ? je ne sais pas, je ne suis pas maman, mais les miens l’ont été, les pauvres) dépassés, et j’ai immédiatement fait ce parallèle avec notre monde où la seule menace sanitaire est pour l’instant le covid, et non pas la mutation génétique (et les puces de lits, et les surmulots parisiens dans une moindre mesure). J’ai trouvé que les musiques amenaient de la profondeur au film : les musiques de tensions tout comme les musiques plus mélancoliques, joyeuses. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai souvent pensé à Miyazaki en visionnant ce film : peut être la prédominance de la nature qui reprend ses droits, peut être les musiques « épiques », peut être que j’attends (trop) impatiemment Le garçon et le héron, je ne sais pas.
Néanmoins, plusieurs choses. je n’ai pas vraiment compris le rôle d’Adèle Excharpopoulos dans cette histoire, histoire finalement très masculine (même si j'ai trouvé Adèle juste, bien qu’apathique comme d’habitude). Romain Duris et Paul Kirchner m’ont beaucoup émues, dans leurs regards et leurs non-dits surtout, mais j’ai trouvé la diction de Paul vraiment étrange (et non, ce n’est pas que je n’ai rien compris au film et que Paul se transforme et ne peut plus parler et donc son phrasé se modifie : dès le début, je l’ai trouvé très hésitant sur les mots). Je ressors dans un état de tristesse de ce film : la façon dont sont traités les animaux, et les personnes différentes, le retour à la nature d’Émile à la fin du film (qui me fait penser à un abandon de son père plus qu’à un retour à la nature), et surtout le présage que tout ça n’augure rien de bon pour la suite, ni pour Emile, ni pour nous.