Ouverture de la Compétition Un Certain Regard en salle Debussy, tout le monde accueille la dernière scène du film le cœur serré, sa prévisibilité n'enlevant rien à l'émotion. Avec son Règne animal, Thomas Cailley couronne un beau message écolo (marre de l'Homme qui veut tout contrôler, saccage tout, domine la Nature surtout par sa pédanterie), une belle relation entre père et fils, et une équipe de truquistes à qui on rêverait de serrer la main. On n'a pas pu décrocher une seule seconde nos yeux de ces magnifiques prothèses, de ces articulations mécaniques, de ce travail fait-mains avec une minutie et attention que le cinéma moderne a trop vite fait de balayer en quelques animations numériques. D'ailleurs, on est carrément déçu dès que le film plonge dans les effets numériques (
le vol de l'oiseau), car la qualité du trucage s'écrase plus lourdement au sol que le gros oiseau.
Dans le rôle du père qui n'arrive plus à comprendre son ado (avec la métaphore que tout parent peut transposer sur la puberté difficile de leur enfant), n'arrive plus à le protéger, va aller jusqu'au
sacrifice ultime (pour le laisser vivre, il faut renoncer à lui pour toujours...
Oui, cette scène finale nous a fait verser la larme, même si on s'y attend dès le début), qui de mieux que Romain Duris pour l'interpréter avec douceur et déchirement simultanés... Pour Paul Kircher, la jeune vedette du film, Le Règne Animal est, on l'espère, un beau tremplin qui devrait le faire s'envoler loin (il se donne à fond), tandis qu'Adèle Exarchopoulos se débat bec et ongles avec un personnage qui ne sert à rien dans l'intrigue (disons-le sans détour : on enlève le rôle de la policière, le film est exactement le même, dommage car on pensait vraiment qu'elle aurait son importance dans le final). Il n'en reste pas moins que ce film à concept peut compter sur la puissance de son message écologiste (qui apprend à l'Homme l'humilité et la tolérance), sur l'émotion que peut susciter un déchirement entre père et fils qui sont tout l'un pour l'autre, et sur des trucages faits-mains qui sont de toute beauté. Le genre de propositions que le cinéma français peut être fier (comme un coq) de présenter. Cocorico, alors !