Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile leur fils de 16 ans en Gironde, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.
Le Règne animal est un drame fantastique français réalisé par Thomas Cailley, sorti en 2023.
L'ile du docteur Moreau...sans le docteur....
Alors que les rues de l'Hexagone se peuplent chaque jour davantage d'humains qui se transforment en créatures animales, conséquence d'une épidémie, François quitte la zone urbaine où il vit pour la Gironde. Son fils Emile l'accompagne tandis que sa femme contaminée par le virus est internée dans un centre de soins.
En Gironde, comme ailleurs en France, il y a des lycéens mais aussi de nombreuses créatures dans cette région trés boisée faiblement peuplée. Les créatures sont d'autant plus nombreuses qu'un fourgon qui devait les acheminer pour un centre de soin local s'est retourné et qu'elles ont trouvé refuge dans la forêt. Petit à petit, Emile commence à se sentir bizarre. Il fait la connaissance de Fix, un homme oiseau qui essaie tant bien que mal d'apprendre à voler. Jour après jour, Emile se transforme en loup: ses poils poussent, son ossature mute et ses crocs se développent. Sa mutation en animal fait régresser irréversiblement l'humain qu'il était: elle lui fait notamment perdre tout ce qu'il avait appris depuis qu'il était enfant comme l'apprentissage du vélo....bientôt ce sont ses facultés d'expression et sa gestuelle qui seront affectées.
Emile est aussi attirée par Nina, une fille de sa classe qui n'est pas insensible à ses avances parfois maladroites.
Pendant ce temps, la gendarmerie est dessaisie du dossier au bénéfice de l'armée (au grand Dam de la gendarmette interprètée par Adèle Exarchopoulos) qui organise des battues pour capturer ces créatures, jugées dangereuses pour l'homme.
Telle est la loi..
Le film se laisse regarder, bien qu'un peu long, mais quelque chose, ou plutôt quelqu'un est cruellement absent du tableau, un savant démiurge et détestable comme le Docteur Moreau par exemple....en fait, l'ensemble manque terriblement d'antagonismes.
Aux antagonismes fictionnels, le réalisateur a préféré partir sur des thématiques bien contemporaines du vivre ensemble et de la tolérance.
En ancrant sa fable fantastique dans une réflexion prospective humaniste de co-existence pacifique, Thomas Cailley a fait le choix de la raison mais son film "manque de sel" et de tension. Le personnage central qui se transforme lentement mais surement en loup monopolise toutes les attentions du réalisateur et des personnages principaux du film. Le spectateur comprend vite que c'est inéluctable mais je ne me suis pas senti vraiment passionné par cette mutation, ni par ses conséquences, jugeant la réflexion peu passionnante.
Le propos de Thomas Cailley s'attache à envisager que la cohabitation entre humains et créatures hybrides pourrait être différente et pacifiée. Le film montre que les militaires n'ont pour mission que de les capturer et de les emprisonner au mieux, en attendant un hypothétique traitement. Si cela n'était pas assez clair pour le spectateur, l'un des copains d'Emile, trés minoritaire il est vrai, est ouvertement pro créatures et revendique pour elles les forêts girondines comme habitat.
En dépit de certaines qualités (Poésie contemplative, maquillages réussis, Romain Duris interprète un père de famille émouvant, sobre, adepte du bio et des citations de René Char...), Le règne animal est trop "plat" pour moi. Les années passent mais je resterai vraisemblablement davantage passionné par les fictions horrifiques sur les lycanthropes (Le loup Garou de Londres...) que par les réflexions fantastiques à connotation écologique sur la coexistence pacifique entre les espèces, les hommes ayant déjà beaucoup de mal à coexister les uns avec les autres, comme ils nous l'ont montré depuis la nuit des temps.
Ma note: 5/10