Pas totalement convaincant, en définitive. Il manque sans doute un peu de cette compacité - qui pourrait lui apporter plus de puissance évocatrice - dans le propos. Et puis il y a un aussi un final qui est cousu de fil blanc et qui vise un peu trop lourdement à faire pleurer dans les chaumières. De cette malédiction du cinéma français (à gros budget) contemporain, qui cherche en vain depuis des années sa pierre philosophale qui réussirait la synthèse absolue du succès commercial et de la fameuse exception culturelle nationale. Et là, c'est pas comme au rugby : pas d'arbitre sur qui taper en cas d'échec.
Bon après cette introduction un peu méchante (on se défoule comme on peut, un lundi matin), il faut tout de même reconnaitre que le film se laisse voir et n'est pas dépourvu d'une certaine ambition. Trop peut-être d'ailleurs, au sens où il aborde pêle-mêle un grand nombre de sujets sans nécessairement les approfondir tous. En premier lieu, bien sûr celui du rapport à ceux qui sont différents et, par delà mais sans que le spectateur ne puisse facilement faire la part des choses, celui du rapport des humains aux animaux. Deux sujets centraux sur lesquels viennent se greffer plein d'autres thèmes : les jeunes au lycée (et les TDA en prime), la France rurale (avec ses chasseurs bien sûr), les réponses de l'état aux situations qui le dépassent (enfermement et répression militarisée), la médecine (brièvement évoquée en une scène très réussie, en début de film), la famille monoparentale, la police française (dont l'image est portée à bout de bras par l'adjudant Izquierdo) et voire même les phénomènes météorologiques extrêmes induits par le réchauffement climatique. Bref, ça beaucoup d'ingrédients et la mayonnaise a parfois un peu de mal à prendre.
Le scénario s'engage bien en début de film, mais les possibles se rétrécissent assez vite et comme je l'ai dit plus haut, la fin est parfaitement convenue et tellement prévisible. Exarchopoulos se sort bien de son rôle piégeux de flic; pour autant, on ne comprend pas forcément très bien ce que ce rôle apporte à l'histoire, apport qui d'ailleurs s'achève en queue de poisson. La performance de Duris n'est pas mauvaise, dans un rôle de père courage aux aspirations et à l'idéologie gentiment écologiste; pour autant - et sans que ce ne soit à mettre sur le compte de l'acteur - j'ai eu du mal à trouver son personnage convaincant, sans doute un peu trop lisse, peut-être pour ne pas compromettre le succès commercial du film. Par contre, le gamin est très bon en adolescent à la fois mou et rebelle, même quand il commence à se transformer peu à peu...
Un film finalement non dépourvu de qualités (et de bonnes scènes), mais dont je suis ressorti avec une impression de superficialité.