"Financé avec le concours du C.N.D.V.E.E (Centre National du Vivre Ensemble Européen) !"

Surprenante réalisation française que "Le Règne animal" de Thomas Cailley (“Les Combattants”) qui s'immisce courageusement dans le fantastique de la moins simpliste des façons, avec son récit de mutations de l'homme vers l'animal. Au vu de la frilosité hexagonale ambiante pour ce genre de production, "Le Règne animal" fait figure de long-métrage témoin pouvant servir d'exemple pour de futures productions audacieuses et bien moins balisées qu'aujourd'hui. Autant d'effets spéciaux réussis dans un seul film français n'avaient tout simplement jamais existé. Mais toute cette virtuosité visuelle ne serait rien sans un scénario solide, qui, malheureusement, a tendance à imposer son dictat du “vivre ensemble" à tout prix. La comparaison entre les mutants et les migrants est flagrante ; quant aux provinciaux, ils sont montrés comme d’intolérants racistes qui n’hésitent pas à s’armer pour aller dégommer des bestioles. Seul le citadin Duris semble être bienveillant à l’endroit des animaux. Véritable bonté d’âme ou peur de la solitude ? Ah oui, sans oublier l’éco-anxiété et son cortège de poncifs. Tel un boomerang, chassez le naturel du cinéma donneur de leçon à la française et il vous revient en pleine poire. Cela dit, le film reste assez poétique pour faire abstraction de tout ce gloubiboulga bien-pensant. Voici déjà deux ans que certains humains se muent en animaux. Le monde semble s'en être accommodé (l'épidémie de Covid en filigrane) et la vie continue dans sa routine individualiste. C'est alors que nous faisons la connaissance de François (Romain Duris) et Emile (Paul Kircher) son fils au moment où ils rendent visite à Lana, la maman d'Emile, atteinte de ce mal mystérieux. En quelques minutes, Thomas Cailley nous fait découvrir l'horreur de la situation pour les personnes confrontées à ce fléau. Lana - dont l’état est irréversible - va être transférée dans un centre spécialisé dans le sud de la France. François et Emile l’accompagnent. Nouveau travail pour François et nouveau lycée pour Emile. Une vie pleine de promesses s’annonce lorsqu’un accident de la route et la mutation d’Emile vont changer la donne. Si le discours officiel - soviétisé - fait état d’une certaine cohabitation bienveillante entre les mutants et les hommes, la réalité quant à elle, est tout autre. Pamphlet politico-sanitaire et fable fantastique qui prône la TOLÉRANCE, “Le Règne animal” appose d’ores et déjà sa singulière signature au bas d’un cahier des charges plutôt réservé aux anglo-saxons !

RAF43
5
Écrit par

Créée

le 9 févr. 2024

Critique lue 59 fois

5 j'aime

1 commentaire

RAF43

Écrit par

Critique lue 59 fois

5
1

D'autres avis sur Le Règne animal

Le Règne animal
Sergent_Pepper
8

L’amour dans les forêts

Sur les terres infertiles de la science-fiction française, le cinéma se tient encore prudemment à distance, et c’est dans la série que les tentatives sont les plus audacieuses. Ceci explique ainsi...

le 4 oct. 2023

225 j'aime

10

Le Règne animal
lhomme-grenouille
6

Bête difforme, mais bête qui vit

Je l’avoue, au départ, j’ai été rebuté. Dès ce dialogue d’introduction entre le père et le fils, je n’y étais pas. Ça sonnait faux. Les artifices pour mettre en évidence les caractères de chacun et...

le 13 oct. 2023

51 j'aime

19

Le Règne animal
Jonathan_H
9

La nature de l'Homme

Le Règne animal est une nouvelle production ambitieuse dans le paysage cinématographique français. Le cinéma de genre et les propositions originales semblent se faire plus fréquentes ces dernières...

le 5 oct. 2023

40 j'aime

2

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

18 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4