La réconciliation finale en apparence édulcorée et optimiste est troublante. Il est vrai qu'elle semble contraster avec le désespoir conjugal de Michiyo et son engagement vers une vie plus indépendante, libre. Mais il parait probable que sa résignation enjouée ne soit qu'un leurre masquant le constat établi: une réalité économique d'après-guerre très précaire (voire la scène de cohue aux abords de l'agence pour l'emploi), impropre à l'acquisition pour les femmes d'un quelconque affranchissement. Quantité d'exemples appuient cette idée: l'amie de Michiyo, veuve de guerre et mère d'un petit enfant, contrainte par sa solitude de survivre du commerce de rue; des figures de femmes célibataires: misérable marchande de riz, voisine contrainte à devenir courtisane, Mlle Doya (à lunettes) qui lucide (sur l'impossibilité de s'en sortir seule), tente de séduire Mr. Okamoto durant l'absence de sa femme. De même, le personnage de Satoko démontre bien à plusieurs reprises, qu'une femme certes en fugue, sans foyer en tout cas, n'a pas sa place et dérange tout le monde. Une belle mise en scène proche du néo-réalisme italien. De magnifiques actrices, aux visages éclatants.
6,5/10