La guerre du Vietnam, avec l'assassinat de JFK en 1963, est l'une des matrices du cinéma Américain des années 70, ensemble d'images qui infuseront aussi bien le cinéma de genre (horreur et western notamment) que les films traitant à proprement dit du sujet. À dire vrai, la représentation (ou non d'ailleurs) de la guerre n'est qu'un moyen catalytique afin de mesurer les déchirures de l'Amérique ou de celles d'une communauté, sujet même de "The Deer Hunter" qui sort en 1978, tout comme le film d'Hal Ashby.
En effet, "Coming Home" poussera encore plus loin le concept en proposant le négatif absolu des films de guerre, toute l'action se déroulant sur le sol Américain, loin du tumulte des champs de batailles. Alors que Sally voit son mari, Capitaine et fervent défenseur des valeurs patriotiques Américaines partir pour le Viêtnam, celle-ci décide de devenir bénévole à l'hôpital des vétérans de guerre. De là, une romance naît avec Luke Martin, ancien sergent devenu paraplégique, ayant perdu l'usage de ses jambes ainsi que ses chimères de jeunesse, celles d'un patriotisme tous azimuts et d'une dévotion au mythe du héros Américain.
Si sur le papier le résumé pourrait faire penser que les figures représentées ne sont qu'un moyen de véhiculer des idées arrêtées et didactiques, sous la direction d'Hal Ashby, il n'en est rien. Car le réalisateur de "Harold & Maude" n'a eu de cesse de représenter les grands moments de l'Histoire à travers les destins individuels de ses personnages, par définition uniques et complexes si bien que le regard du spectateur change au fil de la projection, se débarrassant petit à petit des a-priori antérieurs à la vision du film. C'est le personnage de Warren Beatty dans "Shampoo", hippie qui n'a plus sa place dans l'Amérique Nixonienne qui arrive ou encore les marins de "The last detail", qui le temps du film et d'un trajet à travers le territoire Américain nous font presque oublier le destin qui les surplombe.
En cela, Hal Ashby est un grand humaniste.