Dans un pays imaginaire, une bergère et un ramoneur, sortis d'un tableau, tentent d'échapper à un monarque tyrannique, et seront aidé par un oiseau malicieux. Paul Grimault reprend son projet initial, qui était sorti sans son accord en 1953 sous le titre "La Bergère et le Ramoneur", en transforme le scénario, et nous livre ici un film qui fera date dans l'animation française.
"Le Roi et l'oiseau" bénéficie en premier lieu d'une touche poétique très prononcée, grâce aux textes de Jacques Prévert, mais aussi à l'univers sombre et quasi kafkaïen, qui mélange habilement des décors de diverses époques dans une cité géante. Le fond du film est particulièrement recherché, et, au-delà d'une histoire d'amour conventionnelle, il dénonce le totalitarisme, l'uniformisation de l'art, ou le culte de l'image, avec quelques clins d'oeil au nazisme.
Par ailleurs, ses personnages sont intéressants, entre un oiseau cultivé et altruiste n'hésitant pas à recourir à la démagogie, ou un roi cruel et mauvais complexé par son physique. Enfin, l'animation, bien qu'ayant un peu vieillie, demeure réussie, mélangeant humour noir et sérieux. "Le Roi et l'oiseau" est donc un classique du cinéma français, qui conviendra aux petits comme aux grands.