Les frères Larrieu questionnent la place du papa dans le cercle familial, se souvenant joliment des mots de Marcel Pagnol : "Le père, c'est celui qui donne la vie, ou celui qui paye les biberons ?" / "Le père, c'est celui qui aime." (Fanny), et plaçant Karim Leklou dans un rôle très touchant de papa dépossédé de l'enfant à qui il a tout donné. On sent son cœur se serrer souvent pour cette situation inextricable dont le personnage de Leklou est la bonne poire (on a mal pour lui), on en veut terriblement à d'autres personnages dont on comprend les intentions sans les cautionner (
la mère, dont le véritable amour a toujours été le père biologique de son fils, et ne peut s'empêcher de se faire la malle avec lui, même si cela signifie d'abandonner injustement le second fiancé, idem, on comprend vite que le l'ex-copain qui a pris la fuite à l'annonce du bébé, veuille maintenant d'une famille "comme il n'a plus rien"... On nous présente longuement les psycho des personnages, ce qui permet de mieux cerner la tragédie qui se joue, et ne pas simplement avoir l'impression de regarder des personnages manichéens, les deux parents "méchants", contre la bonne poire "gentille"
). On apprécie beaucoup le temps consacré à chaque personnage, même si cela vient peu à peu monopoliser un scénario un peu mollasson, dont on attend carrément la confrontation finale comme le Messie. Heureusement, ce final est bien construit, émouvant, et l'on peut compter sur les deux interprètes du petit garçon pour nous refaire mal au cœur (encore). Mais ce que l'on retient de mieux dans ce drame, c'est la performance déchirante de Karim Leklou, et la profondeur de chaque personnage.