C'est un film que j'ai vu à sa sortie en 1983 et que je n'avais pas revu depuis lors. Je me souvenais d'une impression très mitigée à la sortie de la séance de cinéma que je voulais vérifier en le revoyant une nouvelle fois.
L'affiche était prometteuse : Giovanni, Ventura, Giraudeau, Cardinale ...
On distingue trois parties de tonalité très différentes.
Le film démarre sur les chapeaux de roue. La mine d'or, les Rocheuses en Colombie Britannique, Wapta falls, ... Le hold-up, la riposte puis la fuite avec les deux indiens : il y a du muscle, il y a du nerf. De la vraie aventure. C'est convaincant. L'histoire ne fait que démarrer. On y croit.
Et puis, la séquence Montréal : et là, les copains et les copines, l'amour (bizarroïde) de Claudia Cardinale, le cocktail à réveiller un mort, les courses de karting (pardon, si c'est pas du karting, je n'y connais que couic), le flash back avec la séquence "tour Eiffel", l'accident, l'amitié à la vie à la mort entre Giraudeau, Ventura qui est considéré comme "un vendeur d'illusions" mais qu'on suit quand même parce qu'on l'aime bien. Bref, tout ça me parait très artificiel et pas très convaincant ; "il y en a trop, n'en jetez plus, la cour est pleine". On n'y croit pas.
A la fin, c'est les préparatifs et le retour sur Wapta Falls. Là, le film reprend vigueur avec les séquences des indiens (les mêmes qu'au début) et puis des escrocs rencontrés sur la route. On peut à nouveau y croire (quoique).
Pourquoi "quoique" ? Parce que les indiens n'ont pas l'air très méchants. Surtout parce l'opération envisagée qui parait délicate et complexe ne repose que sur un seul homme et que les quatre autres participants ne font que de la figuration ou presque.
Bien sûr, il y a les somptueux paysages des Rocheuses magnifiquement filmés, il y a aussi les superbes camions nord américains qui en jettent un max et qui sont filmés sous toutes les coutures, il y a la musique d'Ennio Morricone qui se laisse écouter (mais qui parfois ne casse quand même pas des briques). Bien sûr, il y a Ventura.
Oui, mais tout ça ne suffit pas à faire un scénario en béton ; en effet, le scénario se résume à une accumulation de scènes et de situations manquant singulièrement de rythme, de liant, de viande, d'ossature, de densité. De conviction.
Avec le budget à disposition, avec les atouts que présentait le film, avec le talent supposé d'un Giovanni, on aurait dû avoir un film sensationnel, du genre à avoir le ventre noué du début à la fin. Pour comprendre ce que je veux dire, il suffit de mettre en perspective ce film avec deux autres films, un peu dans le même "genre, " les Aventuriers" et les "grandes gueules" dans lesquels Giovanni avait trempé. Dans ces deux histoires, les scénarios et les personnages sont beaucoup plus simples et tellement plus efficaces.
Un exemple, un personnage secondaire joué par Pierre Frag ; dans les "Grandes Gueules", il a une vraie présence dans le personnage de Fanfan. Dans "le Ruffian", il est inexistant.
Au final, c'est un film pour le moins inégal après une première partie très prometteuse et une suite peu convaincante.
Même le titre ne correspond pas au film ! Un ruffian c'est un "homme débauché" chez Larousse voire un "proxénète". Tout ce que Ventura n'est justement pas ...
Bon, la présence de Ventura ainsi que les paysages somptueusement bien rendus et les photos de camions font que je ne peux pas faire moins que mettre 5 à ce film décevant.