Sword Of Doom est l'exemple type du chambara noir et pessimiste.
Le héros magistralement interprété par le grand Tatsuya Nakadai est un criminel qui use de son sabre comme un objet phallique grâce auquel il jouit de la mort de ses victimes. Il faut le voir pendant tout le film tirant une gueule pas possible, désespéré, le regard vidé de toute émotion et subitement un éclair, un sourire, des yeux qui s'écarquillent lorsqu’il use de son arme.
Très sombre et crépusculaire, Sword Of Doom dépeint un univers sans concession fait d'hommes durs et taciturnes. Les femmes sont reléguées au rang de faire-valoir ou de courtisanes élégantes. Le déroulement est un peu similaire au "Goyokin" d'Hideo Gosha, bien que les deux histoires n'est rien à voir ensemble. Je veux parler de la longue traversée qui conduit à l'inéluctable avec une ahurissante explosion d'ultra-violence. Cette fois-ci la violence est présente comme rarement dans un chambara - tout du moins dans ceux que j'ai eu la chance de voir - , chaque instant en suspens préfigure le pire.
Les combats sont comme souvent dans ce genre, lents et contemplatifs, basés sur l'observation avec une fulgurante explosion de violence au moment du coup fatal. Les causes de l'acte sont montrées en contre-champs et la caméra vient immédiatement se replacer sur le regard épanoui de plaisir du vainqueur. On peut y voir une sorte de domination toute masculine quasi sexuelle.
Esthétiquement le film est très beau, avec certains passages magnifiques, comme celui où les mercenaires se déplacent sous la neige. Contrairement au Gosha de Goyokin ou au Kobayashi de Rebellion, Kihachi Okamoto semble moins utilisé le genre pour véhiculer des idées ou pour mettre en avant des thématiques politiques ou idéologiques. Je crois décerner chez lu, une envie de pénétrer l'univers des samouraïs, une recherche quasi psychanalytique. Son cinéma est tout aussi chirurgical et viscéral que celui d'un Kobayashi, mais plus proche d'un Misumi anar quant à l'approche.
Très lent par moment, avec des explosions de violence orgasmique, Sword Of Doom est un habile film de sabre dans la plus grande tradition du genre. Une peinture sans concession d'un univers d'hommes féroces qui pensent avec leur arme de mort. La mort semble être le chemin de croix de ces âmes damnées, leur but étant la domination. Le final carrément terrassant, finit de nous achever, avec une explosion de violence que l'on peut comparer à celle du Rebellion de Kobayashi.