La promotion avait été discrète, au point de susciter l'interrogation. Il n'est d'ailleurs pas impossible que de nombreux abonnés Netflix découvrent l'existence de ce film le jour de sa sortie. Comme beaucoup d'autres, oui. À la différence près que ces autres ne portent pas le nom d'un classique absolu du cinéma français. Partant de là, ceux qui l'ont vu haussent les sourcils (Un remake ? Sérieux ?) et même ceux qui ne l'ont pas vu savent qu'ils ont déjà entendu ou lu au sujet d'un vieux long-métrage à la trame similaire. Le long-métrage de Henri-Georges Clouzot (1953) ou la géniale réinterprétation *Sorcerer *(1977) de William Friedkin, au choix. En 2024, la troisième version se pare de l'attelage Julien Leclercq/Franck Gastambide/Alban Lenoir. Objectifs : Action et testostérone. Ça vous change un film. Oh que oui.
Leclercq a trop de respect pour ses illustres prédécesseurs, par conséquent il n'essaiera pas de jouer les copistes. C'est tout à son honneur. À vrai dire, son projet est à l'avenant de cette collaboration Netflix/TF1 (la classe hein?) : 100 minutes qui s'oublieront en une poignée. Le réalisateur réussit haut la main ce challenge bas de gamme. Le concept de base (la traversée de quelques personnages dans des camions chargés de nitroglycérine) est là, mais tout cela serait un peu triste sans les stéréotypes et poncifs de l'actioner qui pète et qui tâche, n'est-ce pas ? Pas de panique, on les retrouve d'entrée de jeu avec une introduction qui se mélange les pinceaux entre les temporalités et les enjeux. Et pour couronner le tout, les personnages et leur caractérisation sont tout aussi ridicules. L'écriture des dialogues est une orfèvrerie dans le genre, quasiment aucun ne tombe juste. Les comédiens sont donc orientés vers le surjeu pour les transcender. Et ils y arrivent ! La performance de bovin au regard mort livrée par Franck Gastambide va carrément filer des sueurs froides à Vin Diesel. En tête-à-claques humaniste qui en a, Ana Girardot se gamelle sévèrement sur l'autel de la platitude. Sofiane Zermani essaie un peu d'exister au milieu de ce concours de mâchoires serrées et d'yeux qui plissent, mais rien à signaler à part son talent qui ploie. Seule victime à épargner, Alban Lenoir dont les tentatives d'humaniser son cliché sur pattes ne sont pas toutes vaines. L'action ? Triste à dire mais rien à retenir. Par contre, on peut beaucoup rigoler devant l'étalage d'idées sabotées et de séquences émotion aux effets surannés. Sinon, aucune n'offre la tension qu'on est en droit d'espérer vu le titre de la production. La mise en scène échoue à créer une tension palpable, à rendre les fusillades vives, parfois même à saisir l'espace (cf. la scène du sniper). Qui sait, sur beaucoup de malentendus et de mauvaises manipulations de télécommande, les spectateurs décideront d'ériger cette fausse bonne idée en vrai mauvais film et donc à réévaluer son potentiel nanardesque.