Véritable expérience sensorielle, le Salon de musique étudie la relation d'un aristocrate (zamindar) au Bengale avec l'art qui le passionne obsessionnellement, la musique. Satyayit Ray exploitera davantage l'aspect décisif des choix de vies par la suite, qu'ils soient professionnels ou sentimentaux, mais il le fait ici de manière toujours aussi sensible. Les cadres choisis par le cinéaste, comme la durée des séquences de danses musicales participent à l'envoûtement général, comme pour illustrer davantage le ressenti du personnage irraisonnable.
Cela revient à un thème fétiche du metteur en scène, la perte familiale et le souvenir ineffaçable. Entre la vie et la mort, la musique est un moyen pour Biswambhar Roy de réfléchir au sens de son existence, dont l'engouement se transforme progressivement en folie. Comme un rappel du temps qui passe, le salon ne cessera de se dégrader, la finance aussi, mais la musique reste.
En regardant les derniers portraits de ces ancêtres, l'homme prie pour qu'ils soient encore présents avec lui, qu'ils puissent l'entendre et lui répondre de manière compréhensive. Sans réponse, seul face à sa folie, le personnage se remémore les derniers souvenirs d'une vie, entre cheval blanc et départ de ses proches. A la vie, une belle mélodie dont les mouvement ne devraient pas être prévisibles. Une superbe adaptation du maître bengali.