A l'évidence , Jean Cocteau apprécie d'autant mieux le septième art qu'il lui offre, malgré une technologie du début des années 30 encore rudimentaire, toute une gamme de trucages permettant de laisser libre cours à l'imagination et à l'univers poétique de l'auteur.
De fait, "Le sang d'un poète" -une bande d'allégories pour reprendre l'expression de Cocteau- associe constamment ce qu'on n'appelle pas encore "effets spéciaux" à la création du poète pour produire une suite de séquences irréalistes.. On rapprochera le moyen-métrage de Cocteau au surréaliste "L'âge d'or" de Bunuel auquel j'accorde ma préférence, au jeu des comparaisons, en vertu d'une expression non-sensique plus corrosive, plus enjouée d'une certaine façon.
Il n'y a pas d'intrigue dans "Le sang du poète", composé de petites histoires sans lien entre elles, échappant à toute interprétation rationnelle. On y retrouve ou découvre pêle-mêle le goût de Cocteau pour les hommes torse nu, les miroirs qu'on franchit, les statues qui s'animent; et, avant l'adaptation des "Enfants terribles", l'élève Davos fait ici son apparition au cinéma.
Ce film marginal reste cependant une oeuvre attisant davantage la curiosité que l'intérêt ou la séduction.