Encore un peu de fraises, merci.
Le Septième Sceau est le premier film de Bergman que j'ai vu. C'est l'un des rares film dont je me souviendrai jusque dans ma tombe de la projection. Et ça tombe bien car c'est justement de ça dont il est question: et si la Mort vous invitait à sceller votre sort autour d'une partie d'échec ? Pour ma part je serais en bien fâcheuse posture étant bien mauvais à ce sport. Par contre je ne serais pas aussi naïf que notre triste héros - un croisé de retour au pays justement - qui pas un instant ne se doute que la Mort puisse tricher. C'est pas de chance, pourrait-on dire. Mais ici point de chance ou de hasard. Tel est la volonté du tout puissant.
Ce film m'a transporté de bout en bout. Du premier plan sur un ciel d'encre augurant un tour du mauvais sort, en passant par ce petit casse-croûte improvisé dans une prairie rassemblant un preux chevalier et son écuyer ainsi qu'une petite famille de troubadour autour d'un bol de lait et de quelques fraises des bois, jusqu'à cette sombre farandole s'évanouissant dans les ténèbres d'un fondu au noir.
Le Septième Sceau est noir et cruel. Tout autant qu'il est éblouissant et renversant de beauté. Un film où se mêle la justice divine d'avec celle des hommes. Où l'art pictural côtoie celui des rues. Où une rixe dans un bar peut vous condamné tout autant que l'inquisition qui rôde au dehors. Où les folles sont prisent pour des sorcières quand on cherche pas à les prendre tout court.
Ce film est ambitieux pour l'époque. La reconstitution est loin d'être évidente, encore moins acquise. Et pourtant tout est là. Nous y sommes et nous avons peur. Une peur venue d'un autre temps, d'un autre monde peut-être. La Mort, la peste, la folie, l'inquisition, les Croisades. Mais il faut vivre, il faut chanter, il faut danser. Et l'on se demande comment l'humanité à pu survivre à tant d'obscurantisme.