Il est assez logique que l'intérêt pour le cinéma ukrainien soit des plus vifs, ces derniers mois, avec une exposition dans les festivals à la clé et, pour plusieurs œuvres marquantes, la possibilité d'être distribuées dans le réseau des salles. Pour autant, puisque le tournage de certains films est antérieur à l'invasion du pays par la Russie, toutes les thématiques traitées ne concernent pas le conflit qui occupe les premières pages des journaux. Ainsi, l'action de Pamfir, réalisé par Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk, se déroule à l'ouest de l'Ukraine, à proximité de la frontière roumaine et les sujets y sont aussi bien la corruption que la religion ou l'exil à l'ouest pour gagner sa vie. Le film brasse plusieurs genres avec une certaine maîtrise : thriller, chronique familiale, comédie, avec en sus l'atmosphère masquée d'un carnaval rural. D'une certaine manière, Pamfir est un peu victime de la richesse de son spectre narratif, avec ses personnages hauts en couleur. Ce que l'on retient avant tout, c'est la personnalité du personnage-titre, qui revient de l'Union européenne, et qui se retrouve piégé par une situation inextricable qui l'expose à renouer avec des errements passés. Peut-être que ce premier film aurait gagné à être davantage centré sur lui et son dilemme mais cela aurait été au détriment de la puissance d'un récit qui s'exprime avec agilité sur plusieurs tonalités.