Ingmar Bergman aime traiter de l'enfermement mental.
Celui qui emprisonne les êtres et les coupent de toute communication avec autrui.


Cette situation est celle des sœurs qui trouvent pas de chemin l'une vers l'autre.
Elle est aussi celle de l'enfant solitaire qui ne peut parler la langue étrangère du pays dans laquelle le trio fait halte.


Comme souvent, Ingmar Bergman croise les thèmes qu'il aborde :
- la famille est le socle de ces difficultés de communication,
- la mort (mystique) est la perspective de la solitude,
- la musique (Mozart, Bach) est essentiellement mise en scène. Quasiment aucune bande son en support de la narration si ce n'est à l'abord de la scène finale.


On retrouve évidemment l'exigence du réalisateur en terme de textes et de cadrages.
Filmer en noir et blanc est un art. Bergman en est le maître.


Mais le point névralgique du Silence est l'atmosphère érotique.
Cet aspect est encore plus mise en valeur par la présence d'une troupe de nains de foire, qui souligne :
- l'opposition entre la beauté des corps et la laideur d'âmes en souffrance,
- la vie qui n'est qu'une pièce de théâtre absurde.
Rarement le réalisateur a pris autant le temps (et le plaisir ?) de porter à l'écran :
- les scènes suggestives (moiteur et chaleur qui inondent les corps des sœurs),
- les nus profilés qui se dénudent,
- l'onanisme féminin,
- le désir qui enfle et vire aux propositions charnelles,
- l'accouplement avec des poitrines dénudés et des positions acrobatiques,
- la suggestion d'un désir incestueux de la part d'une des deux sœurs.


Sans divulgacher quoique ce soit (comment le faire avec un film de Bergman ? ^^),


cette montée en tension charnelle est donc précisément le fil conducteur du film. Jusqu'à la mort.


Certes on connaissait la passion de Bergman pour les blondes : Ingrid Thulin et Gunnel Lindblom ont déjà joué dans Les fraises sauvages.
Ici elle est exacerbée.
Soit dit en passant, Gunnel Lindblom est une fantastique actrice. Les rôles qu'elle occupe pleinement sont d'une variété impressionnante entre Les fraises sauvages (la femme accidentée), La source (la paysanne sauvageonne) ou donc Le silence (une femme révoltée contre sa sœur).


Bref l'érotisme omniprésent donne à ce film une place particulière dans l'oeuvre globale du suédois.
Une sorte de coming out qui anticipe de ce point de vue Persona.

Raider55
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le 18 oct. 2021

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