"Le sixième sens" est un film de Michael Mann réalisé en 1986.
Michael Mann a réalisé des films que je trouve tout-à-fait passionnants comme "Heat" ou "Collateral" ou "le Solitaire" ou encore "Ali".
Quant à "le sixième sens", je suis nettement plus partagé. Tellement partagé que j'ai fait le tour des critiques ici et là qui sont pour le moins dithyrambiques. Je vais donc être en écart avec bien des contributeurs de SC.
Le scénario : l'histoire tirée d'un roman "Dragon Rouge" raconte l'histoire d'un tueur en série "Hannibal Lecter" transformé ici en "Hannibal Lektor" probablement pour faire littéraire, traqué avec succès par un profiler Will Graham.
Un profiler, c'est, pour les ignorants dont j'avoue avoir fait partie jusqu'à ce soir, un criminologue. Un gars qui en principe ne bouge pas de son bureau (sauf pour aller faire le beau sur les plateaux de télévision) et conseille la police sur la psychologie des tueurs en série.
Mais aux USA, le criminologue, c'est pas la même chose, c'est un "profiler" qui mouille la chemise sur le terrain et qui a un revolver pour éventuellement s'en servir.
Je disais donc que le scénario de ce film est la mise à contribution du profiler Will Graham, qui a le don de se mettre à la place du tueur afin de prévoir ses futures actions et bien sûr le pincer. Mais le scénario parait tellement mince qu'il a fallu l'étoffer un peu d'abord avec sa vie de famille, sa femme et son enfant qui tremblent pour lui. Le scénario fourmille des tas de discussions toutes plus subtiles et péremptoires les unes que les autres où on voit le Will Graham réfléchir (à fond et en silence), déduire des choses un peu absconses que tous les collègues comprennent et approuvent gravement, donner des ordres (tout aussi abscons) scrupuleusement obéis par une armada de sous-fifres aux ordres. Le plus beau c'est qu'à la fin, à la suite de je ne sais plus quelle réflexion de Will Graham, il fait sortir une liste de trois ou quatre noms et au troisième nom, bingo, le gars correspond exactement à tous les critères. C'est beau.
Mais mon mauvais esprit me souffle à l'oreille la mauvaise question suivante : pourquoi diable, ils n'ont pas commencé par exploiter cette fameuse liste dès le début. On se serait évités 107 minutes d'ennui à suivre les discussions et déductions mystérieuses et ésotériques que seuls des experts peuvent comprendre.
Là où on atteint des sommets c'est quand Will Graham va interviewer le Hannibal Lektor dont on comprend que son objectif c'est de tendre vers Dieu. En effet, selon Hannibal, ce dernier n'hésite pas à flinguer un avion avec tous ses passagers, chose que lui- même n'a encore jamais réussi à faire.
En conclusion sur le scénario, je me demande dans quelle mesure le scénariste, Michael Mann, a comblé les vides et les creux par des considérations stratosphériques sur la bonne compréhension de la psychologie du tueur en série.
Reste la mise en scène : là, changement de discours de ma part, c'est tout-à-fait réussi. D'abord, le film est très esthétique, avec une image très soignée.
Le profiler et sa petite famille bien belle , le profiler dans les réunions où le réalisateur s'ingénie à ne pas le mettre en avant pour mieux le propulser sur le devant de la scène. N'oublions pas les scènes avec l'odieux et insolent journaliste que Will Graham, excédé, corrige de belle façon. Et lorsque le journaliste sera kidnappé par le tueur, ce ne sera plus le moment de fanfaronner.
La mise en scène de Michael Mann nous réserve ainsi quelques bonnes scènes appuyées par une musique bien adaptée avec des sonorité métal.
Au final, je n'ai pas été convaincu plus que ça par ce film où je me suis surpris régulièrement à m'ennuyer.