Rien autour n'a d'importance. Seuls existent le bruit du vent, le clapotement d'une rivière, le soleil sur notre peau. Dans les steppes kazakhes, un père et sa fille vivent en autarcie, à l'abri de tous, loin du danger. Du moins, le croyaient-ils. Car pendant que la jeune femme est en pleins tourments amoureux, des essais nucléaires ont lieu sans que personne ne le sache.
Film muet, Le souffle est une expérience cinématographique unique. Visuellement somptueux, Alexander Kott filme le quotidien de ses personnages avec une minutie époustouflante. Chaque plan est un tableau que l'on pourrait admirait pendant des heures. Chaque bruitage (ajouté en post production) sonne tel un murmure susurré à nos oreilles. Délicat et poétique, cette œuvre est une véritable prouesse technique.
Si l'esthétique est assurée, le message l'est tout autant. Le cinéaste réalise un western intimiste où les paysages désertiques donnent un ton primitif à l'ensemble du film. Ce récit donne l'impression d'assister à la première histoire d'amour qui a lieu sur Terre. Mais face à pareil sentiment, le bonheur ne peut durer bien longtemps. En renversant sa narration, Kott passe de l'apaisement total à la destruction massive.
Son art en ressort alors d'autant plus surprenant, et cette violence à l'image n'empêche pas l'auteur de la sublimer. Par un dénouement marquant, création et anéantissement forment un tout, indissociable et tragique.
http://septieme-sens.net