Ils sont venus, ils sont tous là : Glenn Ford, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson pour le casting, et Rudolph Maté derrière la caméra pour, évidemment, un nouveau film noir dont ils étaient, à de nombreuses reprises, des figures de taille. Et puis, en fait, non. Au contraire, ils sont dans un western pur et dur avec ses propriétaires terriens qui en veulent toujours plus, ses grands espaces, sa ville et sa loi bafouée par les mêmes propriétaires conquérants. En vétéran de la Guerre de Sécession, Glenn Ford nous la joue "Ce n'est pas ma guerre" et laisse les cadavres d'innocents tomber. Il faudra finalement que le film bascule dans le film noir (ah, on l'avait bien dit!) et que Barbara Stanwyck joue les vénéneuses pour que la violence du tranquille Glenn Ford explose.
Ce western atypique, qui bénéficie d'une très belle photo, peut paraître langoureux dans sa première partie mais se révèle un puissant film noir psychologique avec ses personnages psychotiques qui se déchaînent chacun leur tour, selon leur tempérament. On apprécie, en dépit d'une intrigue a priori manichéenne, la riche complexité de chacun d'entre eux même si on bascule ensuite très rapidement dans de l'action pure. Le portrait des personnages aurait peut-être mérité d'être davantage approfondi mais on assiste, au final, à un western qui ne manque ni d'entrain ni de bonnes idées, les éclairs de violence étant, notamment, parfaitement mis en scène.