Seconde adaptation cinématographique du roman de Richard Matheson, "Je suis une légende".
Malgré un début plutôt prometteur (les errances de l'acteur principal Charlton Heston dans le décor fantomatique d'une métropole américaine déserte restent encore aujourd'hui, fascinantes), un film farci des défauts de mise en scène propres aux seventies que seuls les spectateurs d'âge canonique trouveront charmants.
Comme le roman, le film questionne la notion de "normalité" au regard de la majorité qui constitue une société donnée. Il le fait à travers la confrontation du dernier survivant - qui voudrait reconstituer le monde d'"avant" - avec une secte de mutants, sorte de Sainte Inquisition qui considère toute la technologie pré-épidémique comme diabolique, conservant une grande partie de ce qui les rendait humains.
Ce reliquat d'humanité "nouvelle" aux yeux blancs se voudrait inquiétant, mais frise surtout une désuétude discrètement ridicule pour le spectateur d'aujourd'hui.
Le récit s'essouffle à cause d'une réalisation à la facture très télévisuelle mais surtout parce qu'il s'éparpille un peu, entre développement d'un univers post-apocalyptique (le côté le plus spectaculaire à mon sens), amours soi-disant transgressives (un blanc qui donne un baiser à une afro-américaine, c'était "punk" pour l'époque !), instances rebelles (le "seul" survivant finit par en découvrir d'autres qui mènent le combat pour la survie de ce qui reste de l'humanité pré-apocalypse), sans oublier un côté christique assumé assez pataud, typique du cinéma américain, toutes époques confondues.
Ce n'est pas l'adaptation la plus respectueuse du roman originel, mais c'est désormais la plus délicieusement kitsch et surannée.
Malgré ces menus défauts, un film à la fois spectaculaire et naïf, à voir pour les fans du genre post-apocalyptique tel qu'il était traîté dans les années '70.
Les complétistes fans des blockbusters SF seventies avec Charlton Heston affûteront leur combo avec "Planète des singes" et "Soleil vert".
A VOIR POUR : la projection en boucle du film "Woodstock" dans un cinéma désert ; l'attirail moyen-âgeux de la secte des survivants albinos ; les parallèles et clins d'oeil entre ce film et l'adaptation de 2007 avec Will Smith : prologues similaires avec le héros qui roule à tombeaux ouverts dans les rues désertes (ici à Los Angeles, là à New York), l'importance des mannequins, des séquences de téléphones publics qui sonnent dans le vide pour illustrer la folie qui gagne un héros ivre de solitude.