Le bel art(gento)
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On peut regretter que le film ne réussisse pas à rendre crédible le fait que la protagoniste (jouée par Asia, la fille du Monsieur derrière la caméra !) soit une inspectrice de police (côté positif de la chose, il y a au moins un film dans toute l'oeuvre de Dario Argento dans laquelle la police bosse un minimum !), sûrement faute de ne pas l'avoir mise en scène dans une ou deux séquences en intro (pourquoi pas avant le générique !) durant lesquelles elle exerce son boulot dans un état normal. Autre conséquence autour de cela, on aurait pu la voir plus sympathique avec son entourage ; ce qui aurait mieux fait percevoir la dégradation de son état mental, l'aurait rendue plus percutante par la suite, à travers un changement radical de comportement. Et point de vue empathie, l'investissement des spectateurs aurait été bien plus fort. Voilà le principal reproche que j'ai envie de formuler.
Mais passons vite fait aux qualités, parce que j'ai plutôt bien aimé Le Syndrome de Stendhal.
La scène d'introduction dans le Musée des Offices, admirablement servie par la parfaite maîtrise technique dont fait preuve le réalisateur, la musique volontairement stridente d'un Ennio Morricone inspiré et le jeu intense d'Asia Argento, est un morceau de cinéma absolument admirable. J'ai rarement vu quelque chose d'aussi anxiogène au cinéma. Il fallait que je le souligne. Cela fait sûrement la dix-millième fois que je l'écris, mais, autant Dario Argento est un mauvais scénariste, autant il est un excellent metteur en scène. On en a une superbe preuve ici.
D'ailleurs à propos de mise en scène, pour tout le film cette fois, le CGI est utilisé pour la première fois dans une oeuvre cinématographique italienne. Si son utilisation ici n'évite pas quelques fautes de goût qui n'ont pas bien passé les années, elle sert en général plutôt bien l'originalité de la réalisation, en particulier quand elle est directement liée à la peinture, quand elle donne vie aux toiles.
La suite, après l'impressionnante séquence d'ouverture, se tient aussi. La traque d'un tueur en série particulièrement dangereux et pervers, redoutable non pas parce qu'on ne le connaît pas, mais parce que justement on le connaît et on ne sait que mieux de quoi il est capable (parti-pris de mise en scène donc intelligent !), mêlée à la psyché profondément troublé du personnage principal, donne quelque chose d'agrippant et de particulièrement dérangeant, avec tout plein de sadisme et d'hémoglobine.
Il vaut mieux fermer les yeux sur le fait qu'il y ait un mec français qui s'appelle Marie (il est allé chercher où le Dario qu'il y avait des hommes français à notre époque qui s'appellent Marie, du moins comme premier prénom ou sans qu'il soit intégré dans un prénom composé, sérieux ?). La partie là aurait pu être coupée d'ailleurs, car pas franchement utile des masses (Peut-être une tentative un peu trop tardive pour rendre l'héroïne plus attachante ? C'était au tout début qu'il fallait faire cela !).
Bon, bref, il n'est pas exagéré de dire que ce Dario Argento est au-dessus de la moyenne de ses autres films (enfin du trop peu que j'ai vu de lui !). Le tout est certes imparfait, mais possède quelques qualités remarquables tout de même... et cette scène d'intro de dingue.
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le 7 nov. 2022
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