Aurore est stagiaire dans la prestigieuse maison de ventes Scottie’s, sous la responsabilité du commissaire-priseur André Masson, comme le peintre. Leur bureau reçoit une lettre annonçant la découverte chez un ouvrier de Mulhouse d’une peinture perdue d’Egon Schiele. Ce ne peut être évidemment qu’un faux.
La présentation éclatée des différentes parties ne facilite pas l’entrée en matière. A droite, une mythomane plutôt ambitieuse qui s’agace lorsque son patron refuse ses avances. Sûr de lui, l’arrogant ne craint pas la haine qu’il inspire : « C’est bon pour les neurones », assume-t-il. Pas de quoi rendre ce duo particulièrement sympathique. A gauche, des nuitards, les dents jaunies par le tabac qu’ils consomment et qui les consument. L’opposition de style semble évidente, proche de la caricature, tout comme le mépris de classe induit. Mais un rire nerveux n’est pas forcément moqueur. Ainsi, chacun des personnages va gagner en nuances. Les mensonges dissimulent mal les peines d’une jeune fille au père. Le dédain entraîne une triste solitude. Quant à la misère, elle pousse à une modestie riche en honnêteté. Une ex-femme spécialiste et une avocate clairvoyante créent un lien entre ces deux mondes. Le rapprochement s’opère dans le respect quand l’aristocratie orgueilleuse s’incline pour applaudir l’humilité prolétaire.
Animée par des acteurs d’une belle justesse – Alex Lutz, Léa Drucker, Laurence Côte, Nora Hamzawi, Alain Chamfort, ainsi que le touchant Arcadi Radeff –, la toile sociétale de Pascal Bonitzer se dessine bien. Le pinceau est vif, le trait parfois épais et l’entourloupe vite présumée. Néanmoins, sur l’univers plutôt opaque des enchères, le tableau expertisé est adjugé. Affaire conclue !
(7/10)
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