D'accord, la comédie n'est pas d'une spécialement inventive ou rigoureuse, mais elle trouve en Louis de Funès et Jean Gabin deux formidables interprètes, drôles jusque dans le cabotinage. Ce que le scénario ne leur interdit pas, en particulier à Gabin, puisque de Funès compose ici un emploi adapté à son tempérament comique. Gabin, en aristocrate mais surtout en vieux militaire rustique joue brillamment dans le registre de la truculence et de la grosse voix. Le duo qu'il forme avec de Funès fonctionne parfaitement -ce qui relativise leur mésentente sur le plateau- tant en vertu de son contraste physique que de celui lié à leurs rôles respectifs.
Coléreux, l'un sur le mode la puissance, l'autre sur celui du trépignement, les deux acteurs donnent le ton de la comédie, où le mercantile Mézeray s'évertue à acheter à Montignac le tatouage de Modigliani qu'il porte sur le dos.
Eloigné du nanar par la valeur de l'interprétation (de Funès trouve un de ses rôles les plus fameux, tandis que Dominique d'Avray, l'épouse hilare, compose un second rôle inattendu et amusant), le film bénéficie de surcroît de quelques dialogues savoureux. On aurait tort, comme une certaine critique, de bouder cet honorable divertissement.