A l'approche de la soixantaine, le caustique Todd Solondz ne change décidément pas. Qu'on le qualifie de cynique, misanthrope, sardonique ou sarcastique ne saurait lui déplaire. Il persiste et signe en moraliste singulier de la société américaine, en particulier, et de la condition humaine, en général. Le teckel se compose de 4 parties distinctes, d'un entracte et d'une conclusion. Qu'on ne s'y trompe pas : le chien qui donne son titre au film est un fil rouge qui ne sert pratiquement à rien et dont le regard canin, et assez souvent vide, n'exprime qu'une stupeur muette devant les vies déplorables de ses différents maîtres. Raconter l'existence de cette saucisse sur pattes n'intéresse absolument pas Solondz qui reste fidèle à ses tranches de vie, peu scénarisées et contemplatives, qui seraient prodigieusement ennuyeuses si elles n'étaient pas gorgées d'un humour très noir et irrévérencieux. Ce procédé, répétitif, a ses limites et Le teckel atteint les siennes assez vite dans cette vision tellement pessimiste et déprimante de l'humanité. A se demander si Solondz ne lui préfère pas nos amis à quatre pattes qui ne connaissent pas les affres de la triste et insoutenable pesanteur de l'être.