François Ozon est très étrange, et à certains égards, il me fait penser à Steven Soderbergh. Pas dans la qualité des films, mais dans sa capacité à tourner très rapidement (jusqu'à deux films par an), et à changer complètement de genre.
Ce film-ci raconte comment un jeune trentenaire va tenter de terminer convenablement sa vie alors qu'il est frappé d'une tumeur maligne.
Omniprésent du premier au dernier plan, Melvil Poupaud y est formidable, car il représente à la fois ce corps en perdition, et ne sombre jamais dans la fatalité, et veut refaire le bien autour de lui et partir le cœur en paix. Finalement, les syndromes de la maladie sont peu présents, mais on sent doucement cette vie s'éteindre, ne serait-ce que par son rythme de vie qui se ralentit. Ensuite, il est de plus en plus allégé de tout ça jusqu'à une scène finale magnifique, ce que Ozon a su réaliser de mieux, car à ce moment-là, les paroles sont inutiles.
La belle idée du film est d'avoir employé Jeanne Moreau, qui joue sa grand-mère, et si elle n'apparait que peu de temps, elle marque de sa présence, car elle est celle à qui il va confier son terrible secret, et l'apaise de la plus belle des façons, tout en le suppliant de tenter de se battre, même si cela parait vain, face à sa tumeur.
Le seul bémol du film concerne une sous-intrigue dans une aire d'autoroute, avec Valeria Bruni-Tedeschi, qui finira par une belle scène au lit. Je dis bémol, car il y a une chose que dit la jeune femme qui est d'un horrible mauvais goût, et qui montre à la fois l'espèce de mépris et le fait qu'elle ait enfin ce qu'elle veut.
Après, il y a des scènes homosexuelles, ou qui se passent dans une boîte SM, qui ne sont pas utiles, non pas pur la sexualité, mais que l'histoire aurait très bien pu s'en passer, car elle ne concerne uniquement le personnage joué par Poupaud.
Au final, c'est un joli film, pas facile à voir car il porte sur lui les stigmates d'une mort prévue, mais dont les quelques erreurs le privent d'une plus belle réussite.